Série invitation : Camille Demoule. Proposition pour dégenrer l-a-e patrimoine littéraire. Essai Proust

Nota Bene. Afin de déterminer encore moins l-a-e genre, nous avons alternativement chang-e-é l-e-a Préséance Masculin-e- Féminin-e, vestige de l-a-e dominan-t-ce masculiniste blanc-he occidental-e ; car, elle-il faut bien l-a-e reconnaître, même inclusi-f-ve, l’écritu-r-e continu-e de faire précéder l-e-a masculin-e, ce qui, même accolé-e par un-e tiret, ne peut empêcher l-e-a pensé-e, dans l’esprit, que, malgré tout, l-a-e masculin “arrive toujours avant” l-a-e féminin. Or, u-n-e tel-le pens-é-e est étrang-er-ère à quiconque milite pour u-n-e véritable égalité dans l-e-a langue. À cet-te fin, et pour que les choses soient clair-s-es, il-elle faut en finir avec l-e-a sexualisation des choses. On tentera donc, du mieux que nous le pouvons, d’éliminer l-e-a différence sexue-l-lle au sein des choses, u-n-e différence qui, il-elle aussi, constitue u-n-e souffrance résilien-t-e inadmissible. On le vérifiera, l-e-a multiplication référentie-l-le d-u-la tiret brise l’hégémon-i-e au sein d-u–e-la langage sexu-é-e, ce qui, d’u-n-e côté-e, complique certes u-n-e peu la lecture, mais, finalement, oblige à penser u-n-e langue neutre, du Neutre (Roland(e) Barthes). Il–elle faut débarrasser entièrement l-a-e langue de tou-t-e allusion sexue-lle-l !

 

Longtemps, je me suis couch-é-e de bon-ne heur-e. Parfois, à pei-n-e m-on-a bougi-e étein-t-e, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire: « Je m’endors. » Et, u-n-e demi-heur-e après, l-a-e pensé-e qu’-il-elle était temps de chercher l-a-e sommeil m’éveillait ; je voulais poser l-e-a volume que je croyais avoir dans les mains et souffler m-a-on lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il-elle me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : un-e église, un-e quatuor, la-e rivalité de François(e) Ier et de Charles-Quint(e). Cette croyance survivait pendant quelques second-s-es à mon réveil ; elle-il ne choquait pas m-a-on raison, mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que l-e-a bougeoir n’était plus allumé-e. Puis il-elle commençait à me devenir inintelligible, comme après l-e-a métempsycose les pens-é-e-s d’u-n-e existence antérieur-e ; l-e-a sujet du livre se détachait de moi, j’étais libre de m’y appliquer ou non ; aussitôt je recouvrais l-e-a vue et j’étais bien étonn-é-e de trouver autour de moi u-n-e obscurité, dou-x-c-e et reposan-t-e pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour m-a-on esprit, à qui e-i-l(le) apparaissait comme u-n-e chose sans caus-e, incompréhensible, comme u-n-e chose vraiment obscu-r-e. Je me demandais quel-le heur-e il-elle pouvait être ; j’entendais l-e-a sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné-e, comme l-a-e chant d’u-e-n oiseau dans u-e-n forêt, relevant les distances, me décrivait l’étend-u-e de l-e-a campagne désert-e où l-a-e voyageur se hâte vers l-a-e station prochai-n-e ; et le petit chemin qu-e-i-l(le) suit va être grav-e-é dans son souvenir par l’excitation qu-e-i-l(le) doit à des lieux nouve-elles-aux, à des actes inaccoutumé-e-s, à l-e-a causeri-e récent-e et aux adieux sous la lampe étrang-è-e-re qui l-a-e suivent encore dans l-a-e silence de l-e-a nuit, à l-a-e douceur prochaine du retour.