#1 Gatien Mabounga et ses Portes ouvertes

Chaque année, début septembre, l’artiste Gatien Mabounga ouvre pendant deux jours sa maison-atelier (entendez, à part la cuisine, tout est atelier) à d’autres artistes et musiciens. Cette fois-ci, il y avait cinq artistes (dont Gatien) et trois musiciens. Si l’on reste le samedi soir, on peut tous dîner ensemble, avec moult plats et boissons apportés par les visiteurs plus quelques plaisirs gustatifs ajoutés par Véronique qui est un véritable cordon bleu. De fait, tout cela en fait un événement très convivial, non, pardon ! amical et chaleureux. Je ne connais pas tous les artistes dans la région (et d’ailleurs je m’en passe pour beaucoup), mais j’en connais un certain nombre et, à ma connaissance, personne ne fait ce que Gatien et Véronique font, c’est-à-dire inviter des artistes, afin de faire découvrir leurs œuvres, et, bien sûr aussi, de faire se rencontrer, de faire connaissance, chose, quoiqu’on en dise, devenue par ces temps de smartphonisation-monomaniaque-subjective (sms), de plus en plus rare. De fait, chez Gatien, tout le monde parle avec tout le monde, ce n’est pas comme dans les galeries d’art, où l’on cultive l’entre-soi, et si vous n’avez pas l’heur de connaître l’artiste, vous ne pourrez jamais lui parler, et il en va ainsi lorsque les cercles se rassemblent ; on ne brise pas des choses aussi solennelles et primordiales n’est-ce pas ?    

Il faut bien dire que ces moments, samedi et dimanche, cela ne se fait pas tout seul, mais demande une grande logistique, que Gatien prend beaucoup en terme de manutention, de ménage, et de programmation. Bref, c’est du travail. Et sur ce fait assez unique dans la région, j’ai interrogé Gatien : Connaît-il un pareil événement dans la région ? Non, il ne connaît pas d’équivalent, et, comme moi, cela l’étonne. De fait, y a-t-il un lien de cause à effet ?, le rayon d’action maboungaïen dépasse de bien loin la région. Ainsi Doctrovée Bamsimba,vit à Thoré la Rochette (non loin de Vendôme) ; Bruno Saulay à Monthodon ; Marie Fontaine à Tours, Vincent Gagliardi habite Metz. Les musiciens, Xavier Plumas guitariste, Dollons (Sarthe) ; la (aussi) chanteuse-guitariste Doctrovée Bamsimba et son compagnon Pierre Lambla, saxophoniste, Thoré la Rochette. C’est dire si, pour exposer chez Gatien, on vient de loin !

Ceci dit, et en guise d’hommage à un ami, j’en profite pour mentionner un autre ami, connu depuis bien des années (1986), j’ai nommé le peintre et écrivain Jean-Gilles Badaire, décédé en novembre 2022, qui lui aussi ouvrait, une fois par an, en été, son atelier et sa maison de Huisseau-sur-Cosson, à des artistes et tout était, tout autant, convivial et chaleureux. Jean-Gilles était un érudit, et un féru de brocante dans lesquelles il dégotait des livres dont la valeur littéraire n’était bien souvent connue que de lui. Un ami proche m’a confié que, dans ses nombreuses bibliothèques, si un livre venait à manquer, il le voyait tout de suite.

Des artistes du coin, certains connus sur quelques dizaines de kilomètres, viennent aux Portes Ouvertes. Mais jamais l’idée ne leur vient de faire de même. Et je trouve cela regrettable, car on ne peut pas dire que le Loir-et-Cher soit très gâté en matière d’art contemporain, ni donc en terme de convivialité. Certes, à Blois, il y a bien La Fondation du Doute (tu parles d’un nom attirant ! Mais c’est Ben qui s’est roulé par terre ne voulant aucune autre appellation un peu plus… “touristique”), qui regroupe l’une des plus grandes collections Fluxus du monde, mais à part quelques événements très sporadiques et de qualité bien médiocre — c’est-à-dire très vite oubliés — on peut dire que l’électrocardiogramme du bled (Blois) en terme d’art contemporain, est proche du clamsage. Il y a bien encore deux lieux qui exposent supposément de l’art contemporain, mais je déconseillerais formellement aux dépressifs en phase suicidaire de s’y rendre. Chez Gatien, c‘est donc, j’insiste, une raison supérieure de s’inviter, de montrer des boulots, de causer, de boire un verre, bref, de faire “communauté” dans une région, on l’a compris, bien morne et pauvre en art de notre, nos, temps. Mais apparemment, seul Gatien est doté de cette capacité — faire communauté. Et c’est bien pour cette raison que je tiens, dans cet article, à lui rendre hommage, car il le mérite —  bien qu’il faille bien faire attention avec ce terme ; il ne s’agit pas d’attribuer une médaille, en or ou en chocolat, ni d’agrafer ce que Napoléon appelait des « hochets » — de mettre en place tout ce qui vient d’être dit, et bien sûr, Gatien n’a pas besoin de médaille, nonobstant qu’il mériterait bien un peu plus de reconnaissance, artistique et humaine, cependant que certains artistes cuistres et suffisants, d’Orléans jusqu’à Tours, sont bien confits dans leur morgue et leur supposée supériorité intellectuelle pour reconnaître cette première intelligence qui, chez Gatien, est celle du cœur. On devra donc convenir que l’opposé de cette intelligence là n’est rien d’autre que la bêtise. Voilà qui devait être dit. Maintenant, quelques images de l’événement.   

Œuvres de Doctrovée Bamsimba
Œuvre de Vincent Gagliardi
Œuvres de Vincent Gagliardi
Œuvres de Gatien Mabounga
Œuvres de Marie Fontaine
Œuvres de Doctrovée Bamsimba
Œuvres de Bruno Saulay
De gauche à droite, Pierre Lambla, Doctrovée Bamsimba, Xavier Plumas
Œuvre de Marie Fontaine
Œuvre de Bruno Saulay
Œuvre de Gatien Mabounga

 

Pour en savoir plus sur Gatien :

Gatien Mabounga dans son atelier des Montils