ART-ICLE.FR, the website of Léon Mychkine (Doppelgänger), writer, Doctor of Philosophy, independent researcher, art critic and theorist, member of the International Association of Art Critics (AICA-France).

À chaumont-sur-Loire, avec Mme Chantal Colleu-Dumond (P.1)

Le château de Chaumont-sur-Loire est en soi tout un poème architectural ; une sorte de faux château-fort avec pont-levis. Je ne vais pas ici retracer son histoire, qui remonte, formellement, au Xe siècle, parce que c’est d’une complexité que l’on ne peut retranscrire en quelques lignes. Disons que c’est un château Renaissance du plus bel effet. Tout comme son voisin peu éloigné ­— le château de Chenonceau —, il n’y manque que des fées, des elfes, et autres créatures ; vestiges d’une époque, la Renaissance justement, où les rois et les reines étaient encore conseillés par des mages (Giordano Bruno, Campanella, John Dee, parmi les plus célèbres) époque d’une connexion naturelle entre l’humain et la Nature, et ce jusqu’aux étoiles, que Mersenne et Descartes, entre autres, se seront faits un devoir de chasser du territoire, tant géographique que mental… Il se trouve qu’à l’initiative de François Barré, éminente figure des institutions culturelles, à émergé durant l’année 2007, l’idée d’exposer, dans le Domaine, de l’art contemporain. Y verrons-nous ici l’occasion de faire revivre une certaine forme de magie? Absolument. Rappelez-vous de l’extraordinaire exposition Les Magiciens de la Terre. De qui s’agissait-il? Revenons à Chaumont-sur-Loire, où l’idée germinale faisant son chemin, elle put éclore sous la direction de Mme Chantal Colleu-Dumond. L’année 2018 est une année anniversaire, puisqu’elle fête les dix ans d’implantation de l’art contemporain sur le site. Le terme d’ « implantation » est certes approprié, car une des particularités de ce Centre d’Art et de Nature est de tendre à la conjugaison de l’art le plus contemporain qui soit, avec la Nature, qui, par principe, ne l’est pas. La Nature n’est pas contemporaine, dans le sens où “elle” était là bien avant nous — les êtres humains —, et peut-être le sera-t-elle encore après. Bien sûr, dès que l’on a posé l’équation, ou l’égalité, “art” et “nature”, nous sommes tout de suite confrontés à l’éternel problème, pour le sens commun, de la ressemblance de l’art “avec” la nature. De ce point de vue, on peut déjà affirmer que la plupart des œuvres s’en sortent bien; c’est-à-dire qu’elles ne sont majoritairement pas mimétiques.

Léon Mychkine: Donc vous êtes madame
Chantal Colleu-Dumond: Chantal Colleu-Dumond, Directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire, et Commissaire des expositions d’art contemporain.
M : Et donc vous allez nous parler de ce qu’il y a en ce moment à voir, au niveau contemporain, dans le domaine ?
CD: Chaque année, nous avons une quinzaine de commandes artistiques,
M: Oui
CD: Il faut savoir aussi qu’il y a des œuvres d’art qui restent de façon permanente, même si nous n’avons pas vocation à créer une collection. Un certain nombre d’oeuvres, qui parce qu’elles étaient dans un matériau assez fragile, sont restées, d’un commun accord, entre nous et les artistes. Je vais vous parler des expositions et installations de cette année. Nous sommes un Centre d’Art et de Nature, et toutes les expositions qui sont montrées à Chaumont-sur-Loire, ont partie liée avec la nature.
M: D’accord.
CD: C’est important, parce que les artistes qui sont invités, travaillent sur la thématique du paysage, utilisent les matériaux de la nature, le bois, l’eau, la brume… et créent les œuvres spécifiquement pour le Domaine, que ce soit dans les parcs, dans les granges, dans la ferme, dans les écuries, et aussi dans le château. Il faut noter que, dans le château il y a quelque chose d’un peu particulier aussi, c’est que, tous les trois ans, il y a une grande commande artistique, qui est financée par la Région [i.e., Région-Centre Val de Loire], ce qui nous a permis d’avoir une création de Jannis Kounellis,
 
 Jannis Kounellis,Forêt de poutres”, 2008, Château de Chaumont-sur-Loire (photo Mychkine)
 
puis de Sarkis ; nous avons présentée 72 vitraux de Sarkis, dont nous avons gardé une douzaine, dans les appartements des domestiques, qui sont presque devenus les appartements de Sarkis.
 
Sarkis,Ailleurs, Ici ” (vitrail), Chaumont-sur-Loire (photo Mychkine)
Sarkis,Ailleurs, Ici ” (vitrail), Chaumont-sur-Loire (photo Mychkine)
 
On a eu une commande passé à Gabriel Orozco, qui a travaillé à partir de la mémoire des tapisseries, du palimpseste, des papiers peints des appartements des invités, et actuellement nous avons Sheila Hicks, qui a commencé par une création, dans la galerie du Fenil, dans la cour de la ferme, en 2017, et qui, cette année, s’est installée, avec notre totale complicité, juste en face à face avec l’oeuvre de Kounellis, non loin des cuisines, avec un “tombé” très théâtral, de tissus rouges, pourpres, assez spectaculaire.
 
Sheila Hicks, “Sens dessus dessous”, installation, 2018, Château de Chaumont-sur-Loire (photo © Éric Sander)
  
Il y a également, dans la boucherie, une cascade bleue, « ultramarine », comme elle le dit, assez extraordinaire.
 
Sheila Hicks,Cascade bleue”, 2018, Château de Chaumont-sur-Loire (Photo Mychkine)
 
Et elle s’est installée également, sous les voûtes du château, et d’ailleurs, il y a une salle qui s’appelle “envoûtement”. Elle a beaucoup joué sur les mots. Et là, sous les toits, elle a été en dialogue avec les papiers-peints, justement, qui restent de ces époques passées, et elle a rajouté des papiers-peints précieux: coréens, japonais
 
Sheila Hicks,Papiers-peints”, 2018, Château de Chaumont-sur-Loire (Photo Mychkine)
 
et également des tissus — elle appelle cela « étendues » —, qui sont étendus avec des couleurs tout à fait frappantes et singulières, donc, voilà, ce sont des commandes spécifiques, et donc Sheila Hicks est présente cette année pour la première fois dans le château.
Sheila Hicks,Étendues”, 2018, Château de Chaumont-sur-Loire (Photo Mychkine)
 
Sinon, j’évoquerais, par exemple, dans le parc, une œuvre d’Éva Jospin, qui avait été invitée il y a quelques années, avec une forêt de carton, puisque l’on sait que c’est le matériau de prédilection d’Éva Jospin. Et là, elle bascule, à Chaumont-sur-Loire — ce dont nous nous réjouissons —, vers un nouveau mode d’expression, qui est le ciment moulé. Elle a créé, vraiment, une “folie”, une grotte comme il en existait dans les jardins du XVIIIe siècle avec des incrustations de pierres, de coquillages, d’éléments végétaux, et donc c’est une création assez fascinante, avec un contraste très fort entre l’extérieur, qui est monumental et puissant, même si c’est noyé dans la verdure, et la délicatesse, le raffinement, la subtilité des décors végétaux qui sont à l’intérieur, et qui rappellent le travail sur le carton, qui était le sien.
 
Éva Jospin, “Folie”, ciment moulé, 2018, Château de Chaumont-sur-Loire (Photo Mychkine)
 Éva Jospin, “Folie”, ciment moulé, 2018, (détail), Château de Chaumont-sur-Loire (Photo Mychkine)
 
 Éva Jospin, “Folie”, ciment moulé, 2018, (détail), Château de Chaumont-sur-Loire (Photo Mychkine)
 
En fait, on fête cette année nos dix ans d’art, et c’est la raison pour laquelle, j’ai réinvité quelques artistes, dont Éva Jospin, que j’avais invitée il y a quelques années, et également, un des grands du Land Art, de l’art dans la nature qui est Nils Udo. Nils Udo avait conçu et réalisé, il y a quelques années, une œuvre qui s’appelait ‘Gulliver’s forest’, en jouant sur l’infiniment grand et l’infiniment petit, et l’on avait aussi montré ses photographies qui sont toujours infiniment poétiques. Et là, il a créé un volcan, dans les prés du Goualoup, qui accueille des œufs de marbre. Spécialiste des nids, il a créé beaucoup de nids. Mais là on a un nid un peu particulier, puisque c’est un
 
 Nils Udo, “Volcan”, 2018, Domaine de Chaumont-sur-Loire (Photo Mychkine)
 
 Nils Udo, “Volcan”, 2018,  (Photo Mychkine)
Nils Udo, “Volcan”, 2018, (détail) (Photo Mychkine)
 
volcan-nid, tout à fait merveilleux dans lequel il y a également des arbres. Sarkis est revenu pour ces dix ans également, avec une commode, très particulière, c’est une commode abîmée, et il a utilisé la technique japonaise du ‘Kintsugi’ Vous savez, quand vous avez une tasse brisée, au Japon, vous la soignez avec de l’or, au lieu de la jeter. Et c’est toute la technique et la philosophie de la résilience, en fait. Et là, donc, une commode abîmée, il l’a transformée en œuvre d’art, et elle est installée dans le salon de la Princesse. Autres artistes qui reviennent, ce sont Anne et Patrick Poirier, qui avaient fait une magistrale installation en 2009, dont nous avons gardé une chapelle, des yeux de marbre, un petit banc ; et là ce sont des photogrammes , parce que ces artistes, qui ont toujours été obsédés par la nature, par la fragilité des choses, et là ce sont des pétales de fleurs, d’iris ou des feuilles, qui sont présentés et qui mettent en évidence, avec des mots, des scarifications, cette extrême beauté et cette extrême fragilité
 
 Anne et Patrick Poirier, Herbarium memoriae, “Archives. Lost Hope”, 2013, Tirage cibachrome sur dibond, 124,5 x 172 cm. (Collection Laure Martin, Paris.
Courtesy Galerie Mitterand, Paris) Chaumont-sur-Loire (photo Mychkine)
 
 
Anne et Patrick Poirier, Herbarium memoriae, “Archives. Lost Hope”, (détail) (photo Mychkine)
 
Anne et Patrick Poirier, Herbarium memoriae, “Archives. Lost Hope”, (détail) (photo Mychkine)
 
des choses. Parmi les artistes que j’ai réinvités, il y a Klaus Pinter aussi. Klaus Pinter, c’est un artiste autrichien qui était venu il y a quelques années, pour créer des objets flottants qui étaient gonflés avec de l’air. Il y avait comme un merveilleux bijou dans le manège des écuries, on aurait dit un Lalique, tellement la transparence et la lumière étaient sidérantes, et il avait créé une boule d’or, qui était recouverte de feuilles de magnolias dorés. Comme cette boule d’or avait fait beaucoup rêver nos visiteurs, je lui ai demandé de revenir. Il a créé une sphère radicalement différente, qui est faite en bambou, et les feuilles sont toujours de magnolias, mais elles sont métalliques. L’oeuvre joue merveilleusement avec la lumière.
 
 
Klaus Pinter, “En plein midi”, installation, 2018 (photo Mychkine)
 
On a également Fujiko Nakaya une artiste japonaise, qui a créé une œuvre de brume il y a quelques années et donc nous l’avons réinvitée, parce qu’évidemment, une œuvre de nuages n’est jamais la même, du matin au soir, d’une saison à l’autre, d’une année à l’autre… C’est une œuvre très onirique qui rencontre un succès très important auprès de nos visiteurs.
Fujiko Nakaya, ‘Cloud Installation#07240 Standing Cloud’, 2018, Chaumont-sur-Loire (photo Mychkine)
  
Voilà pour les quelques artistes qui sont revenus, mais, évidemment, j’ai invité des artistes nouveaux, comme par exemple un artiste japonais, qui s’appelle Tanabe Chikuunsai IV, héritier d’une grande famille spécialiste du bambou, du tissage de bambous. Il a créé une œuvre assez merveilleuse, en bambou tigré, avec quatre de ses disciples, qui sont venus dans le froid de l’hiver, en janvier, créer cette œuvre qui est une pure merveille, auto-portante, et qui joue avec l’architecture de la Grange aux Abeilles.
Tanabe Chikuunsai IV, “Connexion”, “La Source”, 2018, Chaumont-sur-Loire (photo Mychkine)
Tanabe Chikuunsai IV, “Connexion”, “La Source”, 2018, (détail) (photo Mychkine)
Tanabe Chikuunsai IV, “Connexion”, “La Source”, 2018, (détail) (photo Mychkine)
Tanabe Chikuunsai IV, “Connexion”, “La Source”, 2018, (détail) (photo Mychkine)
Tanabe Chikuunsai IV, “Connexion”, “La Source”, 2018, (détail) (photo Mychkine)
 
Je citerais une autre œuvre, extrêmement poétique, d’un artiste vietnamien qui s’appelle Duy Anh Nhan Duc, qui travaille avec du pissenlit. Il cueille les pissenlits, et qui sont le symbole de l’extrême fragilité, de la grâce et de la fugacité des choses, et sa passion pour ces pissenlits et sa science du végétal font qu’il cueille les aigrettes à un moment où elles sont stabilisées. Ainsi vous avez des centaines de pissenlit accrochés, qui se reflètent dans un miroir ; c’est comme un étang, où vous allez pêcher un rêve. C’est assez féérique.
Duy Anh Nhan Duc, “Champ Céleste ”, Installation végétale, Pissenlits, aigrettes de pissenlits, cristal, laiton, miroir, bois, 3170 x 4280 mm, 2018 (Photo Mychkine)
Duy Anh Nhan Duc, “Champ Céleste ”, (détail)(Photo Mychkine)
 
J’ai également invité Nathalie Néry qui est une artiste brésilienne, qui elle, avec des feuilles de jacquier a inventé une seconde peau, très poétique, sur le tronc d’un arbre, qui est un hêtre pourpre. C’est une œuvre assez magique, inattendue dans le parc historique. Tous ceux qui rencontrent cette œuvre, puisqu’à Chaumont nous allons d’œuvre en œuvre, sont sous le charme de ce travail. J’ai convié également une artiste très peu connue, et tout à fait remarquable, à mon sens, qui est Simone Pheulpin. Quand vous voyez son travail, vous avez l’impression que c’est du marbre, du stuc, du plâtre… En fait, il s’agit de tissu. C’est une femme d’origine vosgienne qui travaille avec du coton, qu’elle plie, avec beaucoup de patience. Elle peut mettre cinq mois pour réaliser une œuvre, et le résultat est assez prodigieux. Nous présentons un nid et une autre œuvre qui apparaît comme un tronc, une tranche d’un arbre. C’est assez incroyable. C’est une œuvre d’un blanc immaculé, comme les pissenlits de Duy Ahn Nhan Duc. Voilà donc un aperçu rapide de cette saison, qui fait que nous accueillons aussi Frans Kracjberg, c’est juste, comment dirais-je ? un écho au décès de cet immense artiste de l’art dans la nature, ce polonais parti au Brésil et qui a été un des grands défenseurs de la forêt amazonienne, détruite pour les raisons que l’on sait, et qui travaillait avec du bois brûlé. Je voulais, symboliquement, à Chaumont, qui est un Centre d’Art et de Nature, avoir une sculpture de ce grand défenseur de la planète.
Frans Kracjberg, “La Révolte III”, exposition hommage à Franz Krajcberg à Chaumont-sur-Loire(photo © Éric Sander)
 
 
[…] L’année dernière j’avais présenté des œuvres d’un grand artiste, qui est Sam Szafran, qui peint des cascades de philodendrons absolument fascinantes, et nous avions présenté dans le Château une exposition de près de quarante œuvres, essentiellement sur le végétal. Cette année, sont présentés soixante tableaux d’un peintre, mort l’année dernière, à 94 ans, qui est Jacques Truphémus.
 
Jacques Truphémus, “Roses blanches dans l’atelier”, 2015, Huile sur Toile, 130 x 97 cm. Courtesy Galerie Claude Bernard (Photo Mychkine)
 
Jacques Truphémus, “Roses blanches dans l’atelier”, (détail) (Photo Mychkine)
Jacques Truphémus, “À travers la fenêtre de l’atelier”, 2006, huile sur toile, 130 x 89 cm, courtesy Galerie Claude Bernard (photo Mychkine)
 
Jacques Truphémus, “À travers la fenêtre de l’atelier”, (détail) (photo Mychkine)
 
Il s’agit essentiellement de son œuvre liée à la nature, Truphémus ayant évidemment travaillé sur d’autres sujets. Balthus disait que c’était le plus grand peintre français. On y voit un travail sur la lumière, la vibration, la délicatesse de la couleur, qui est absolument sidérant, et cela n’est pas un hasard si Yves Bonnefoy a écrit de nombreux textes et ouvrages sur lui. Truphémus est un peintre-poète que je suis très heureuse — étant donné mon attachement à la poésie, il écrivait aussi —, qu’un peintre-poète nous dévoile son univers. Il vivait entre Lyon et les Cévennes, et c’est un univers assez merveilleux. Ce sont à la fois des paysages extérieurs et des paysages intérieurs, parce qu’il y a aussi des bouquets somptueux… On y voit des œuvres qui sont, chromatiquement, absolument sidérantes , parce qu’il était un virtuose de la couleur — d’aucuns évoquent Bonnard ou Vuilllard —, mais en fait il était lui-même. Donc je suis heureuse de montrer le travail d’un artiste comme lui, qui est peut-être insuffisamment montré
M : Oui, il n’est pas très connu, non ?
CD: Non, mais c’est une des libertés que l’on peut avoir à Chaumont-sur-Loire, de donner de la visibilité à des artistes qui touchent, en tout cas, ceux qui voient leurs tableaux, ou qui les ont vus. Et c’est une manière de leur rendre justice, en fait.
M: Oui, c’est bien, c’est beau. C’est un beau geste.
CD: Oui. Voilà.
M: Et donc ce sont les Dix ans d’exposition d’art contemporain dans le Domaine, et justement, j’aimerais savoir comment ça à commencé cette idée de mettre de l’art contemporain ici, c’est venu comment ?
CD: En fait, il y avait, avant, un château qui était un monument national
M : Oui
CD: Et, il y avait le Festival International des jardins, né en 1992, qui était géré par une association, et qui avait du succès, étant donné l’intérêt que les gens ont pour le jardin. Et, en 2007, dans le cadre des transferts de propriétés de l’État à certaines collectivités territoriales, la Région-Centre s’est portée acquéreur du Château, avec le projet de former un établissement public, qui rassemblerait le château, le Festival International des Jardins, et, un projet d’art contemporain sur la thématique de la nature. Je suis arrivée pour mettre ce projet en place. Donc c’est né à ce moment là. La première saison d’art contemporain a été présentée en 2008. Et comme nous sommes en 2018, nous sommes à notre dixième saison d’art. C’était un peu audacieux d’amener dans un lieu qui était certes un lieu d’inventivité et de création, avec le Festival des Jardins, mais d’amener cette dimension d’art contemporain, c’était un défi. Mais je pense que nous avons réussi notre pari, parce nous avons la chance d’avoir à Chaumont, parmi les plus grands artistes du monde.
Quand on voit qu’on a un Andy Goldworthy, un Nils Udo de nouveau, de œuvres d’El Anatsui qui vient d’obtenir le Premium Imperiale qui avait eu le Lion d’Or de la Biennale de Venise en 2015. Nous avons deux œuvres d’El Anatasui, qui va revenir en faire une troisième. Nous avons Kounellis, Sarkis, Orozco, Sheila Hicks, beaucoup d’oeuvres d’artistes mondialement connus. Et aussi des artistes émergents, je trouve que c’est important.
M: Oui, oui, c’est important, bien sûr
CD: Mais il est bien que nous ayons pu, attirer, à Chaumont, des artistes, aussi renommés que ceux que je viens de citer, parce que cela a donné de la force, de la visibilité et de la densité au projet
M: Bien sûr
CD: Et, ce dont je suis fière, c’est que ce projet, régional, nous donne la possibilité de toucher tous les publics. Ce qui me plaît, c’est cette cohabitation des publics, cette coexistence, qui, finalement, de mon point de vue, est assez rare. On est passé de 200 000 à 430 000 visites, ce qui est un bon résultat. Cela veut dire que l’art ne fait pas peur. Cela veut dire que l’art touche directement au cœur, les gens, et qu’on a sans doute atteint, en tout cas, l’objectif que nous nous étions fixés, parce que je crois profondément au pouvoir de l’art, au partage de l’art, à la force de la Culture
M: Mais je reviens sur ce qui m’intéresse aussi, c’est l’origine… Donc ce sont des responsables de la Région, un jour, qui ont dit « on va mettre de l’art contemporain ici » ? Comment c’est venu, précisément ?
CD: Il y a eu une étude qui a été faite, à la demande de la Région
M: Oui
CD: Il a été décidé de créer cet établissement, et sur les contenus, il fut fait appel, à l’époque, à François Barré, qui était l’ancien Président du Centre Pompidou et c’est François, je crois, qui avait donné cette idée de l’art dans la nature.
M: Il me semblait bien avoir lu ça, oui, quelque part…
CD: un projet d’art contemporain, et François a été le premier Président du Conseil d’Administration. C’était audacieux
M: Oui. Mais la mise en place, c’est vous ?
CD: Oui, depuis septembre 2017, la mise en place de l’établissement public et le commissariat des expositions.
 
PS: Comme à l’accoutumée, les noms propres en gras et en couleurs sont des hyperliens.
 

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