Beaubourg abstrait. Sonia Delaunay-Terk et Natalia Gontcharova. Reassess #3

En poursuivant la visite, on découvre l’étonnante chorégraphe Valentine de Saint-Point (née Anna Jeanne Valentine Marianne de Glans de Cessiat-Vercell), on voit danser en grand format l’extraordinaire Loïe Fuller, et, tout à coup, on est intrigué devant les petits dessins de Sonia Delaunay-Terk :

Sonia Delaunay-Terk, « Études de lumière, boulevard Saint-Michel, » 1913, crayon de couleur sur papier, 17,2 x 21,8 cm, Centre Pompidou, MAM

Non mais, vous avez lu le titre ? Bien lu ? Je le redonne, pour l’étonnement : “Études de lumière, boulevard Saint-Michel”. 1913. 1913… Non, mais, c’est incroyable. Je savais bien que Delaunay est une peintre abstraite, d’accord, et peut-être ne faut-il pas faire une fixette sur le titre, mais quand même… D’un certain côté, il est, en effet, possiblement superfétatoire de s’attarder sur le titre, car, par exemple, en 1970, Delaunay peint un tableau titré “Plougastel”, qui, à première vue, ne ressemble absolument pas à la moindre ville que ce soit, puisque c’est une peinture totalement abstraite (ceci dit, le bleu en bordures ne peut-il pas évoquer la mer ?). Certes. Mais tout de même, et d’un autre côté, la légende ci-dessus est très précise, “Études de lumière, boulevard Saint-Michel”, ce n’est pas juste “Paris”, ou “Boulevard Saint-Michel”. Il semble bien que Delaunay ait prélevé les lumières… Quelles sont pop ces lumières !

Mais ce n’est pas fini :

Sonia Delaunay-Terk, « Étude de foule, boulevard Saint-Michel, » 1913, crayon de couleur sur papier quadrillé, 9,6 x 14,6 cm Centre Pompidou, MAM

“Étude de foule, boulevard Saint-Michel”… What ? Qu’est-ce qui distingue le premier dessin du second ? Mme Delaunay-Terk n’avait-elle pas une légère inclination pour le Surréalisme ? Parce que, tout de même, il apparaît clair que les titres sont, comme dirait mon fils aîné, “random”. Je n’ai pas les réponses à ces questions, mais, je persiste à penser que Delaunay joue ici sur le lisible et le visible. Il y a là de quoi réfléchir.

Ensuite, on rencontre Helen Saunders, Vanessa Bell, mais “ça” ne me “parle” pas. Next: Natalia Gontcharova :

Natalia Gontcharova, “Vide”, 1913, Gouache sur toile, technique mixte, Galerie Nationale Trétiakov, Moscou

1913. “Ça”, j’aime. Ça me plaît beaucoup. J’aime beaucoup cette espèce de flaque blanche-bleue survolant ce fond rose vert bleu, les contrastes entre les moulures roses (en haut à gauche), les gros boulons verts, et les ondulations de cette flaque, c’est très réussi, très frais. Je crois que Vassily commence d’être cerné… (on se souvient qu’il a antidaté la “fameuse” soi-disant première peinture abstraite au monde… 1913 au lieu de 1910. Sacré neposlushnyy !).

D’une manière générale, Natalia Gontcharova me touche, je ne sais pourquoi, à l’image de ce paysage :

Natalia Gontcharova, “Scène de cueillette”, vers 1930, huile sur toile, 129 x 95,5 cm

PS. N’ayant plus d’appareil photo j’ai pris ces images avec mon Huawei P Smart, retraitées comme j’ai pu, mais j’espère qu’on excusera cette qualité médiocre…

Léon Mychkine