Dans l’atelier d’André Guenoun. (Entretien-le toi pour dit) ( #1)

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Léon Mychkine: Alors nous sommes dans l’atelier de… ? André Guenoun, à Ivry, en banlieue sud parisienne. LM: Et cet atelier tu le quittes. AG: Alors j’ai rangé et invité quelque personnes à venir voir mes derniers travaux. LM: Alors, dis-nous ce que nous voyons. AG: Des travaux sur papier, mais c’est de la peinture. Je peins sur un support spécial, non-absorbant, qui a une lumière extraordinaire, et sur lequel je fais des encres, colorées. Donc ce sont des petite formats, que j’assemble pour en faire des grands. Je travaille au sol, et ne fixe que les coins de chaque feuille ; et les passages entre les feuilles laissent l’encre circuler, et permet aux excédents, comme l’eau, de s’évaporer. 

André Guenoun, “sans titre”, encres sur papier, 2,80 m x 2 m

LM: Donc tout est fait séparément ou tout est assemblé après ? AG: Non, tout est assemblé et maintenu au sol, comme ça. Je prépare un protocole pour chaque œuvre, sur des plus petites feuilles.

Maquette, 30 x 40 cm

 

Maquette, 30 x 40 cm [André m’a dit que les cartes postales n’ont pas nécessairement de lien de causalité avec la maquette, alors, que font-elles là ? Réponse : Secret d’atelier]

Et le papier que j’utilise est un papier spécial, qui a été conçu spécialement pour une femme qui voulait dessiner au pastel les baleines sous l’eau. LM: Ça alors ! AG: Donc, une fois que j’ai encré les feuilles, je laisse sécher, je fais autre chose, et je reviens le lendemain, et là je découvre tous les changements qui ont eu lieu, et qui n’ont évidemment plus rien à voir avec ce que j’avais fait la veille, suite à l’ordonnancement des couleurs, la dérive des pigments, et la répulsion entre le gras et le maigre ; puisque je travaille avec de l’encre acrylique, qui est maigre, mélangée à l’eau, et je salis ces couleurs avec de l’encre de Chine grasse. LM: C’est une peinture processuelle. AG: C’est ça. 

André Guenoun, “Sans titre”, encres sur papier, 2,80 x 2 mètres

Ici, nous avons un plus grand format, le plus grand, à vrai dire, 2,80 x 2 mètres. Ici, c’est toujours le même procédé, mais il y a un travail de désastre, que j’organise. LM: Un travail de désastre ? Ça veut dire quoi ? AG: J’aime bien l’idée que l’ordonnancement, la composition soit comme un squelette, et après cela devient ce que ça veut devenir. Mais il y a un protocole de départ, qui va se muer en une autre organisation, avec l’eau, la dynamique des fluides. Et cette envie de faire plus grand [à partir du protocole réalisé sur des petites feuilles] c’est justement pour permettre au territoire de ruisseler, sinon je suis trop dans la maîtrise. Donc l’idée, c’est partir depuis des petits formats, par exemple des toutes petites choses comme ça. LM: C’est chouette ça ! Ça me plaît beaucoup. Mais c’est très beau !

André Guenoun, “Sans titre”, encres sur papier

 

André Guenoun, “Sans titre”, encres sur papier

AG: Et ce que j’aime avec ce papier, et avec ce travail, c’est qu’il n’y a aucune épaisseur ; je n’aime pas la matière, sauf chez les autres. Et il y a deux expression que j’adore au sujet de mon travail ; l’une est de ma femme [i.e., la photographe Florence Chevallier] qui, dans un texte qu’elle m’a écrit, parle de « salissure : que je salis, avec l’encre, mes couleurs », et l’autre de Christian [Bonnefoi, peintre], qui dit que ce ne sont pas des couleurs, mais de « l’eau colorée, il parle de la coloration de l’eau ».

 

Entretien réalisé à Ivry-sur-Seine, et retranscrit par Léon Mychkine, à Ghostown sur Loire

 

 


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