Voici quelques informations prélevées sur le site électronique du Musée :« Le musée d’art et d’histoire Louis Senlecq a été longtemps un des rares musées associatifs, contrôlés par la Direction des Musées de France. Ses premiers statuts sont déposés à la préfecture de Pontoise le 1er juillet 1939, et publiés au Journal Officiel du 20 juillet 1939.» Jusqu’au 13 mars 2022, on peut venir y découvrir les œuvres de trois jeunes artistes contemporains. L’exposition “Regards croisés” est « organisée par le musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq, en partenariat avec l’Ecole [sic] nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy (ENSAPC). Les étudiants de l’ENSAPC ont été invités à proposer des créations artistiques conçues en résonance avec une sélection d’œuvres issues des collections permanentes du musée […] Trois projets ont été retenus par un jury spécialement constitué dans le cadre de ce partenariat : une installation immersive à la fois visuelle et sonore d’Hendrik Gonzalez, interrogeant le fonds du musée et l’architecture du lieu ; une œuvre peinte et un journal de bord élaborés par Clémence Le Boucher d’Hérouville au fil d’un itinéraire le long de l’Oise et un ensemble de pièces en résine, réservoirs de couleurs cristallisant le fruit des récoltes de Matthias Odin-Chatelain, sur les pas des peintres des bords de l’Oise.»
De l’art contemporain au Musée Louis-Senlecq, L’Isle-Adam
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Il s’est agi, pour les artistes, de faire écho aux œuvres avoisinantes, en s’inspirant de la plastique de telle ou telle, et de la retranscrire dans le vocabulaire contemporain, ce qui, à vrai dire, constitue un défi. Pour tout dire, ce sont les propositions de Matthias Odin-Chatelin qui m’ont le plus séduites, échoïsant notamment trois tableaux à l’opposite, dont en voici deux en plan rapproché :
Comme on peut le voir, Odin-Chatelain a repris, “copié”, les motifs de chacun, mais en les réinterprétant. D’où le titre, “Métamorphoses”. Trois tableaux faits de résine, et de composants divers, et étonnamment perforés et fixés chacun de quatre grosses vis. Pourquoi ? Comme si le paysage menaçait d’aller à vau-l’eau, dans le lessivage industriel des sols, ajouté à l’artificialisation ? Faut-il comprendre ces œuvres comme des décompositions de paysage, des altérations ? Ajoutons que, puisque le jeune artiste à reproduit trois tableaux en écho direct, alors la distance entre les deux époques peut être physiquement perçue dans la pièce comme le passage du temps, son transfert physique, d’un certain état de l’art de salon, disons, à celui, contemporain, justement, des métamorphoses. Voyons de plus près :
Ici nous reconnaissons l’empreinte visuelle du tableau de Rousseau (voir plus haut). Bien entendu, c’est un écho “re-traduit”, anamorphosé, 163 ans plus tard. Étonnante réponse, qui, par ailleurs, “tient” très bien toute seule.
Matthias Odin-Chatelain est en quatrième année à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, mais je dirais que voilà un jeune artiste prometteur ! Sa manière et façon de réinterpréter le paysage, par exemple en y incluant, dans la résine, des fragments végétaux, produit une sorte d’instantané presque archéologique du vivant, pour ainsi dire ; comme si le présent tangible était déjà archivé, mais dans l’Histoire même, puisqu’il y a écho formel avec Rousseau. Une “double” épaisseur, donc, de temporalité, ce que, finalement, on appelle des « couches », tant en peinture qu’en archéologie. Au sol, l’artiste à créé cette structure :
L’Isle-Adam étant une station balnéaire, on supposera ici la maquette d’un futur dispositif ludique. L’artiste, lors de la visite, disait que la structure verticale, en parement, est le résidu d’un chevalet brisé. Il faut tout de même y penser ! Faudrait-il voir alors l’ensemble de la pièce comme un tableau retourné — comme on retourne la table —, avec, pour des raisons mystérieuses, inexpliquées, le rassemblement migratoire figé et façon gâteau de peinture en château fort crénelé ? Focus :
Matthias Odin-Chatelain disait aussi que les enfants allaient probablement faire trempette de leur doigts dans l’eau de la structure, mais je me demande aussi si certains ne vont pas tenter de mordre à pleine dents dans ce qui ressemble à un festival gustatif (un côté Haribo ou pâte d’amande).
En Une : Pierre Dubray, Géomètre et arpenteur royal, ingénieur géographe, XVIIIe [fragment de] Plan d’intendance, 105 x 86,5 cm, Archives du Val-d’Oise.
Léon Mychkine
mychkine@orange.fr
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