Réflexions sur l’art contemporain. Rhizomes et zygomatiques. Où en sommes-nous ? (P.1)

NB: Les lignes de séparation forment comme des petits chapitres, voire des sortes d’aphorismes. On lira continûment, ou suivant la sérendipité.


Je voudrais, dans la première partie de ces Réflexions, tenter, je dis bien “tenter”, de dresser une carte — ou une nébuleuse —, et donc une carte astrale, de l’art contemporain ; en partie, en sous-partie-même, afin d’essayer d’y voir plus clair. Mon ambition (oui), est de contribuer à esquisser une taxonomie des objets artistiques ; taxonomie ô combien volatile et mutante !  La tâche est très difficile, et je ne sais pas si je vais y réussir. Ce qui a déclenché ces dernières, c’est la lecture d’un texte de Jean Clair, adressé durant une séance de l’Académie Française (on ne rit pas !) du 04 mai 2011, titré La beauté et le Sacré , et publié étonnamment par Le Monde le 15 avril de la même année. Nous savons tous qui est Jean Clair, et j’ai conscience des haut-le-cœur qu’il peut provoquer. Cependant, la lecture de ce texte est très intéressante, et surprenante. Pourquoi ? Comme indiqué, Clair parle de la beauté, et du sacré. D’entrée de jeu, il part depuis la religion chrétienne et le Catholicisme, dans lesquels il ancre la naissance de l’art en Occident (!) À le lire, nous devons remercier l’Église catholique d’avoir favorisé l’Art, et même la Science ! (Frère Giordano, paix à ton âme !). À aucun moment, Clair ne mentionne l’origine grecque de l’Art (qui avait encore une majuscule). Tout part depuis le Christ, et aboutit à la désacralisation, par l’art contemporain, des rites, rituels et mystères et lieux-mêmes, au profit de l’exaltation des liquides et fluides corporels humains, parfois même “performée” au sein même de la Maison de Dieu. Et Clair en donne des exemples, tel que celui-ci : «… on installe dans le baptistère d’une grande Église à Paris une immense machine laissant couler un liquide plastifiant, le sperme de Dieu, sur des certificats de baptême géants, vendus sur place pour 1 500 euros pièce.  »  Clair ne mentionne ni l’église en question ni le nom de l’artiste. Il s’agit de l’église Saint-Sulpice (Paris), et l’“artiste” est Faust Cardinali. L’“œuvre” s’intitule : “Baptême-une affaire liquide”. Je ne trouve pas le mot sperme dans mes recherches, mais le polyvinyl, qui coule depuis sept mètres de hauteur, dans un cadre sur lequel sera imprimé un véritable certificat de baptême, évoque effectivement davantage le sperme que de l’eau. Et il est bien évident que c’est cette idée de sperme que Cardinali avait en tête en produisant cette “chose”. Si tel est bien le cas, alors nous avons affaire à une machine performative blasphématoire et sacrilège. Rappelons que l’on ne baptise pas avec du sperme, mais avec de l’eau bénite, versée par le prêtre, intercesseur entre le divin et l’homme. Le “travail” de Cadinali est lamentable et provocateur, et on peut regretter, que l’on soit pratiquant ou non, croyant ou athée, qu’un lieu saint soit prêté de la sorte pour que s’y livrent blasphème et sacrilège. Comment l’église chrétienne et catholique peut inviter à de telles démonstrations ? Imagine-t-on cette machine dans une synagogue ? Dans une mosquée ? Bien évidemment, ce qui est exposé par Cardinali n’est pas unique dans l’histoire de la profanation — on ne l’a pas attendu —, mais en guise de mauvais goût et de vulgarité pornographique, il a certainement une place sur le podium. On peut penser ce que l’on veut de la religion, mais il est indéniable que le Sacré est un fait civilisationnel, et que la question de Dieu n’est pas non plus une mince affaire (Nietzsche lui-même, auteur de l’Antéchrist, écrit que “le Christianisme a rendu l’homme intéressant”). Et donc, en ces matières, je préfère lire l’Éthique de Spinoza (juif marrane excommunié par la communauté), brillant diamant de la philosophie, quand il parle de l’amour intellectuel de Dieu, plutôt que de visualiser la vulgarité sans sublimité du dénommé Cardinali… Mais certainement que, là encore, les diverses productions “artistiques” qui ont visé à blasphémer le Christianisme, ne sont, pour la plupart, que le fait de très-petits-joueurs  — je mets à part le théâtre de Romeo Castellucci, qui lui, sait comment mêler les frontières évoquées ici, mais qui n’est jamais vulgaire, car il a la grâce de celui qui connaît les chemins ardus de la sublimité. Et c’est bien pour cette raison qu’il fait art.


J’ai été très étonné de constater comment Jean Clair récrit l’Histoire de l’Art, et cela au sein même de l’Académie Française, institution qui, bien que ridicule et grotesque, compte tout de même parmi ses honorables membres, des personnes cultivées. Et je ne sais si après son allocution quelqu’un a repris Clair, mais j’en doute — entre gens de bonne compagnie. Ceci dit, il faut reprendre ce qu’a écrit Clair, et plutôt deux fois qu’une. (Et je ne sais pas non plus si quelque plume électronique a répondu à ce texte… ne trouvant rien…). Il faut le reprendre, justement en se demandant si, finalement, l’art de notre temps contiendrait toujours, quelque part, dans son ADN, une filiation liée à une certaine forme de ce que l’on peut appeler l’origine. Cette origine, pour ma part, ne se situe pas dans le Christianisme, mais dans l’Art Grec, et la philosophie qui l’accompagne. L’art est philosophique, c’est mon credo. (Où l’on voit que j’ai déjà répondu à la question posée — l’art de notre temps contient-il toujours dans son ADN une filiation liée à une certaine forme d’origine ?. Mais ce n’est pas plié et emballé, je vais y revenir…)


D’après le Rapport d’activité de la Maison des artistes, en 2017, on comptait 18 794 peintres, 6 719 plasticiens, et 5 149 sculpteurs, entre autres (je ne cite pas toutes les spécialités). Curieusement, nulle mention des musiciens. Parlant ici de musique, je ne vise pas les musiques dites populaires, telles que le rock, la pop, l’électro, etc., ni même le jazz. Pour ma part, il me semble que l’art de la musique actuelle réside en cette musique qu’on appelle justement “contemporaine”; là est vraiment, selon moi, le cœur vivant, inventif et libre de la musique d’aujourd’hui. Cela ne veut pas dire que je considère les autres types de musiques comme indignes d’intérêt, mais je postule que l’art musical le plus exigeant, le plus libérateur, celui qui prolonge logiquement la création musicale artistique depuis Webern, Berg, et Schönberg, c’est bien celui qui est subsumé sous l’appellation musique contemporaine. Quand on cherche à connaître le nombre de compositeurs de musique contemporaine, on obtient le chiffre de 1100 (information aimablement fournie par Mme Laure Marcel-Berlioz, Directrice du Centre de documentation de la musique contemporaine). Mme Marcel-Berlioz m’indique en sus que la SACEM en recense 2800, mais tient à préciser, quant à ma question originelle, que parmi ces 2800 on trouve beaucoup de compositeurs “néo-classiques”. Ne considérant pas que la musique néo-classique fasse partie de la musique contemporaine stricto sensu (il s’agit d’une musique d’avant la dite “Seconde École de Vienne”, et donc harmonique et sirupeuse au possible. Pour le dire vite, la musique néo-classique est une musique qui est une caricature de la Musique Classique), je garde donc le chiffre de 1100 compositeurs de musique contemporaine. On conviendra que 1100 compositeurs de musique contemporaine, rien qu’en France, c’est impressionnant. Mais que dire d’un chiffre tel que 18 794, pour les peintres ? Et que penser encore de celui de 6 719, pour les plasticiens ? Bien entendu, parmi ces peintres, par exemple, il y en a assurément qui produisent de la peinture amateur, ou bien traditionnelle, mais je n’ai pas d’information chiffrée à ce sujet.


Je postule qu’il est impossible que nous ayons autant de peintres et de plasticiens formellement parlant ; et gardons à l’esprit que je n’évoque ici que les peintres et plasticiens français, je n’ignore pas que de très nombreux artistes étrangers exposent en France, mais je ne vais pas entreprendre la recension des mêmes qualités dans le monde entier ! On aura donc compris que ma “sélection” n’entend servir que d’exemple, ou de symptôme.


Bien sûr que la plupart de ces artistes espère, pense ou croie produire de l’art. Mais nous savons bien que ce n’est pas parce que nous pratiquons une discipline artistique que nous devenons artiste ; sinon, à ce compte, il suffirait de savoir préparer un ou plusieurs repas pour devenir cuisinier. Or, si des millions de gens savent faire à manger, il n’y a pas des millions de cuisiniers… J’admets que c’est un exemple un peu trivial, mais il est peut-être utile pour resserrer la focale. Qu’est-ce qui est visé dans la focale ? L’art contemporain. On le “sait” aujourd’hui, et on le dit, “tout le monde peut être artiste”. On rattache cette pseudo-vérité à la phrase de Beuys, détachée du contexte, contexte qui s’inscrivait dans une sorte de philosophie cosmique assez fumeuse (j’invite le lecteur à retrouver le contexte).


On postulera que tout le monde ne peut pas être artiste. Un nombre d’individus donné peut estimer produire de l’art, et même, cette estimation peut être validée par d’autres personnes ; mais là encore, les processus de validation ne sont pas nécessairement éternels. Et j’invite ici le lecteur à entrer dans la barre de recherche de son ‘browser’ la suite de mots “peintres français XXe siècle”, et le résultat donnera en premier une page Wikipédia afférente. Sur cette page, qui est en fait un Abécédaire, on trouve un nombre absolument considérable de Noms. Je laisse au lecteur le soin de regarder ceux qui lui évoquent quelque chose. En attendant, on peut déjà faire un premier constat : Le nombre de ceux qui ont disparu, non seulement au sens physique du terme, mais surtout pour la postérité (l’un pouvant exclure l’autre, c’est-à-dire que l’on peut être, littéralement, mort-vivant, ce qui est pire que la mort), est absolument phénoménal. Il existe la même liste pour les peintres au XXI siècle, ici, liste qui, somme toute, est déjà assez considérable.


Francis Ponge aimait à rappeler que le verbe considérer signifie étymologiquement regarder les étoiles. Il s’agit bien de cela : L’art et les arts forment des constellations, dans le ciel infini de la Culture. Certains grands esprits et/ou artistes deviennent des étoiles, voire des soleils — Aristote qui illumine à lui seul quasiment l’Occident et l’Arabie pendant 1600 ans : c’est un soleil (et il continue de briller !). Dit plus pragmatiquement, ça n’est pas donné à tout le monde… On ne lira pas/plus Michel Onfray dans 20 ans… Pas plus qu’on ne lira les Mémoires des footballeurs…


Mais le phénomène du déchet de la culture, plutôt du culturel, n’est pas nouveau. Dans son Anatomie de la Mélancolie, l’immense et tendre Robert Burton nous cite des auteurs de la Rome Antique qui, déjà, se plaignaient qu’il y avait trop d’auteurs…!


Dans ce ciel artistique, d’aucuns prennent place, et brillent un temps ; et puis pouf ! Plus rien. La lumière est coupée. Étoile morte ; devenant naine blanche ou rouge, mais en un temps record, non calqué sur le temps cosmologique.


Lors de ma rencontre avec Gérard Fromanger, fin mars 2019, ce dernier me livre cette anecdote, qui arrive après que je l’ai interrogé sur son tableau “nature morte”. Le plus simple, c’est de redonner l’extrait :

« LM : Et alors, si vous permettez, un mot sur le grand tableau noir, avec tous les noms. Quel en a été le motif ?

GF : La mort de mon père… J’en n’avais rien à foutre. Mais, il est mort, ça m’a fait… Je ne le voyais plus depuis longtemps; mais ça m’a fait… je ne sais pas. Il fallait que j’exorcise ça. Alors j’ai fait la mort de mes pairs

LM : Aaah… !

GF : Ça s’appelle “Nature morte”. Parce qu’à l’époque, je reprenais des grands thèmes de l’Histoire de l’Art, mais aujourd’hui, qu’est-ce qu’une nature morte aujourd’hui ? Eh bien c’est ça ! [Fromanger évoque la synagogue de Prague, avec ses murs, dénommant les milliers de victimes juives assassinées, et puis le souvenir du mur du Vietnam à Washington, couvert de milliers de noms, sur un mur noir, en blanc] « Tiens, nature morte, si je faisais “mon père est mort”, je vais faire mes pairs, je vais faire une sélection », alors il y en a 650 à peu près. Les artistes les plus célèbres de l’Histoire de l’art; dont les noms sont comme des fleurs : [Chuchotant] Picasso, Michel-Ange, Van Gogh, Cézanne…

LM : Des noms de dieux, presque…

GF : Oui. Morts. Comme nous. Tac ! Cash ! Virgule, au suivant. Alors il y a tout ça mélangé. Et puis c’est sur la vanité. Vanité… En même temps que moi, et sans que nous le sachions, ni l’un ni l’autre, Boltanski, Christian Boltanski, on lui demandait de faire quelque chose pour le Centenaire de la Biennale de Venise. Il a pris un immense mur, et il a fait écrire les douze mille noms des artistes qui avaient exposé à la Biennale de Venise.

LM : Ah oui !

GF : En 100 ans ça faisait 50 Biennales.

LM : Ça a même été édité ça.

GF : Alors moi j’en avais 660, sur huit siècles, lui il en avait 12 000 sur cent ans. Moi j’ai fait une sélection monstre, parce qu’il y avait peut-être 2 millions d’artistes, sur huit siècles. Alors, sur ces 12 000… j’en connaissais peut-être 300. Ou j’avais entendu parler, etc. Il y en avait donc 11 700, des vedettes, sélectionnées dans leur pays, une sélection féroce… Pfuitt… ! Disparus ! 11 700, disparus. Inconnus au bataillon. Ça t’en dit long sur la gloire. Et alors le mien, sur les 660 — hyper sélection !—, c’est des mecs qui ont fait des palais, des villes, des fresques, des églises… Pareil ! Peut-être 200, c’est même pas sûr. Voilà le tableau, lettres blanche sur fond noir, il vient de tout ça. Et à la fin ça a exorcisé la mort de mon père.

LM : Oui, mais enfin, la vanité de quoi ? D’avoir voulu faire une œuvre ou d’avoir fait œuvre et que c’est resté ?

GF : Faut pas se la péter quoi !

LM : Non, il faut pas se la péter

GF : Et il faut bien comprendre que le meilleur moment, c’est pas la gloire, c’est quand on le fait.»


Si l’on prend Fromanger comme étalon mémoriel, un artiste de son âge et de son envergure est familier avec 300 noms sur 12000. C’est tout à fait délirant. On peut effectivement se poser la question : Où sont passés les 11 700 ? Il serait bien sûr passionnant d’interroger les artistes ayant une œuvre du point de vue de la statistique : Soit une base de données contenant 12 000 noms d’artistes, indiquez lesquels vous sont familiers ? Et, question subsidiaire, lesquels considérez-vous comme ayant fait œuvre ?


Peut-être que le lecteur est en train de se dire que je sais qui est artiste et qui ne l’est pas. Non. Pas du tout. Je n’ai pas cette prétention, qui, d’ailleurs, pourrait soit confiner à la folie — j’ai un savoir omniscient de ce qui est de l’art et de ce qui n’en est pas —, ou à la bêtise : j’ai un savoir omniscient de ce qui est de l’art et de ce qui n’en est pas. Je ne fais pas non plus partie de ceux qui se lamentent sur l’inanité totale de l’art contemporain (mes articles démontrent le contraire). La question que je me pose, en revanche, est celle-ci : Face à la prolifération des formes d’arts (rhizomes), Comment s’y retrouver ? Comment riposter aux zygomatiques grinçants, pour qui, tout bonnement, Il n’y a plus d’art  (depuis Picasso, par exemple) ? C’est une question très importante, et, somme toute, assez vitale. Je pense qu’un certain nombre de personnes ne se pose pas cette question, puisque, tout ce qui importe, c’est de faire.


Le faire justifie la réalité artistique de l’objet. Mais, à ce compte, on retrouve soit a) l’adage cartésien (je pense donc je suis), soit b) l’adage LeWittien : ma pensée est déjà de l’art.  L’adage a est insatisfaisant, puisque nous ne sommes pas toujours en train de penser, cependant que nous sommes quand même ; mais il permet le raisonnement fallacieux qu’en la pensée résiderait la Vérité de mon être. Mais même le dernier des imbéciles pense, et peut penser qu’il pense… On dira, “et alors ?” Oui, justement, ce n’est pas le tout de penser. L’adage b postule que l’art est tout d’abord une affaire conceptuelle, il suffit d’actualiser une pensée pour produire de l’art : Nul besoin de matérialiser cette dernière. Là encore, on retombe sur un raisonnement fallacieux : Si l’art ne ressortit qu’à l’actualisation d’une pensée, alors nous sommes potentiellement tous des artistes, à l’échelle même du globe, parce que tout être humain pense. On soupçonnera donc avec l’adage b un cas de diallèle, une non-issue absurde dans le cheminement de ce qu’on appelle, depuis un critique (Henry Flynt, 1963) et non pas un artiste, l’art conceptuel. Remarquons que l’adage b rejoint étonnamment la maxime de Beuys.


Tout art est conceptuel. Il faut penser pour faire de l’art.


Certains pensent tel ou tel moment des temps comme définitifs. Clair pense que le Sacré n’est pas chose humaine. Il a raison. La personne humaine n’est pas sacrée. Mais la question que l’on peut poser est la suivante : En quoi l’art a-t-il besoin du sacré ? Il peut s’en servir, mais s’en servir ne veut pas dire que c’est à cause de l’art que le sacré a été jeté à terre. On pourrait tout autant affirmer que c’est bien plutôt la naissance de l’économie capitaliste qui a désacralisé l’incarnation même de la création, l’homme, en lui retirant la substance justement sacrée dont seul lui était doté et qui le reliait à Dieu non seulement pendant son existence mais même après sa mort ; à savoir son “âme”. On le sait, l’économie capitaliste a fait travailler l’homme comme jamais auparavant dans l’Histoire de l’Humanité, et si elle a pu opérer ainsi et intervenir dans les processus biologiques mêmes (travailler tout en étant sous-alimenté, travailler jusqu’à en mourir), c’est bien parce que pour elle, l’homme ne valait plus rien. Du moins, il valait tant qu’il pouvait être Utile. Cette dégradation sans précédent de la nature humaine aura bien entendu entraîné à la mort de Dieu, parce que l’économie capitaliste n’avait plus besoin de transcendance pour accomplir ses desseins, qui ne relevaient pas de l’au-delà, mais de l’ici et maintenant. Et quelques siècles plus tard, notre impatience face à tout retard dans nos désirs prouve bien que nous avons intégré biologiquement cette quasi constante demande/exigence d’épiphanie matérialiste — la jouissance des sens en est une. Je suis persuadé qu’au fil des siècles, ce qu’on appelle l’homme moderne, a proprement crée une hormone du désir matérialiste, qui s’active par exemple dès que nous voulons acheter quelque chose.

 

Léon Mychkine