Un encart dans Instagram, d’artpress.revue :
« Un corps dans l’espace qui l’entoure : tel est le champ où Louise Vendel élabore son œuvre. Le dessin de paysage forestier, à la narration polysémique, en est une modalité privilégiée. La contemplation de ces dessins opère comme une mise en abyme du corps dans l’environnement. Objets eux-mêmes, ils sont traités comme des éléments constituants de l’espace d’exposition et soumis à un constant débordement, sous la forme du trompe-l’œil ou au moyen de papier peint. Le dispositif s’oriente à présent vers l’installation, traduisant la tentation d’entrer dans l’image en la réalisant.» (Art press)
Alors : un corps dans l’espace, oui. Mais pourquoi écrire “qui l’entoure” ? S’il y a corps, il y a espace, et, oui, breaking news, l’espace nous entoure, mais, scoop !, il nous constitue aussi : nous sommes des entités en grande partie spatio-temporelles.
Ensuite : voilà que l’espace est devenu un “champ”. Un champ de betteraves ? De blé ? De bleuets ? Il faudrait savoir.
Nous voilà rassurés : il s’agit d’un “paysage forestier”. Oui, mais ce n’est pas si simple : Attention ! il s’agit d’un paysage forestier à la “narration polysémique”. Alors là, je me demande ce que peut être un “paysage forestier à la narration polysémique” ? Si quelqu’un a une idée, je veux bien un éclairage. Je ne sais pas ce que peut-être un tel paysage, dans le sens où cela signifierait que celui de Vendel pourrait avoir plusieurs sens (polysémique). Et là, après avoir regardé l’œuvre, certes sur l’Internet, je ne vois toujours pas la pluralité des significations. Mais décidément !, je dois faire preuve de mauvaise volonté.
Mais attention !, après la lecture polysémique du paysage, voici que nous sommes pris dans une “mise en abyme du corps dans l’environnement”. Non mais !, vous rendez-vous compte de la puissance de l’œuvre de la jeune Vendel (née en 1993) ? Généralement, une mise en abyme est soit picturale, soit mentale. Mais ici, elle est environnementale ! Certes, l’auteur, ou l’autrice, ne précise pas de quel corps il s’agit, mais on doit supposer que c’est celui du spectateur, pas celui du sujet, puisque lui, pour le coup, il a vraiment l’air de s’en battre, de la narration polysémique et de la mise en abyme. Je gage donc que si le spectateur se laisse trop envahir par l’immersivité caractéristique de ce travail, alors il se casse la gueule. Je vois déjà les Assurance débordées.
Next : Les dessins sont des “objets” (Oui, effectivement, c’est bien vu.) Mais, attention encore !, ils constituent “l’espace d’exposition”. Ben oui ! Sinon, il n’y aurait rien à voir ! C’est ballot. Mais attention !, ces dessins ne sont pas juste sagement exposés, ils “débordent”, constamment. Mais, dites-moi, cher auteur ou autrice, j’espère qu’ils distribuent du LSD à l’entrée, sinon, ça va être coton, de retrouver ce Festival d’expériences !
Attention ! Le clou du pestacle (comme disait ma fille, tout enfant) : Tout à coup, on comprend, qu’après la perception polysémique du paysage, sa mise en abyme, etc., il s’agit d’une “installation”. Ah bon ? Mais, nouveau coup de théâtre : Nous voilà, en tant que spectateurs, sujets à la tentation “d’entrer dans l’image en la réalisant”. Là, chère lectrice, cher lecteur, je pense qu’on atteint au sublime. Nous voici chez Woody Allen, dans La Rose Pourpre du Caire. On ne pouvait pas le dire avant ?
Au fait, se dit le lecteur-trice-trace-truc, à quoi ressemble donc cette œuvre extraordinairement performative ? À cela :
Comme on ne voit pas très bien ce qui est représenté, pour cause de biaisage, alors, et c’est cadeau ! voici l’image de face, prélevée sur le site de cette décidément géniale artiste
Je n’ai rien à ajouter au sujet de cette défonce.
Léon Mychkine
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