Joël Frémiot et Patrick Peltier au Musée de l’Hospice Saint-Roch

Du 11 février au 8 mai 2017, le Musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun propose, parmi deux autres expositions (Daniel Nadaud, et Louis Vuitton, cette dernière jusqu’au 9 avril), une exposition commune à Joël Frémiot et Patrick Peltier. 

Patrick Peltier et Joël Frémiot

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Le peintre Joël Frémiot et le sculpteur Patrick Peltier exposent ensemble dans le Musée Saint-Roch. Et c’est une réussite. L’exposition est titrée « Entre-Eux-Deux », et on pourrait tout aussi bien l’appeler « avec eux deux », tant fonctionne leur appariement, et j’emploie ici le terme au sens biologique imagé, c’est-à-dire qu’il y a quelque chose, dans l’ADN respectif de ces deux artistes, que l’on peut combiner afin de former une nouvelle structure ; structure ressemblant à un écho que se renverraient les oeuvres. Mais plus qu’un écho, nous avons affaire à une structure qui dialogue, qui fait signe vers le regardeur et qui communique au niveau de ses éléments : peinture-traces/sculpture-matière. La première tient un propos de discrétion et d’évitement, tandis que la seconde célèbre l’union de l’ici et maintenant. Et les deux discours sont complémentaires ; car ce sont des traits de caractère.

Le premier aspect, remarquable, de cette discussion, c’est la forme du tableau frémotien, qui, en quelque sorte, est déjà une sculpture en elle-même. En  effet, il a choisi un matériau très spécifique : une feuille de polypropylène, feuille qu’il est obligé de traiter afin que la peinture tienne, mais, surtout, et à est le geste de sculpture, il découpe cette feuille. La forme du tableau n’est plus un parallélépipède classique. Ce qui change encore aussi avec la peinture traditionnelle, c’est que cette feuille est très mince ; elle semble collée au mur. Et cette peinture mince, sans jeu de mots, rejoint le propos de Frémiot qui affirme vouloir une peinture non-tonitruante, c’est-à-dire discrète, mais pas moins visible, cependant qu’il y a une économie picturale chez Frémiot, un vocabulaire restreint, mais bien présent, et vif dans son expressivité.

Peltier est, lui aussi, un artiste économique. Sa sculpture est assez minimale, et riche cependant. Elle n’est pas minimale et rigoureuse dans ses angles et sa chromie comme chez un Carl Andre, par exemple, mais elle l’est dans ce sens où son vocabulaire est simple, efficace, comme le serait un artiste de l’Arte Povera. Peltier dit que sa sculpture est faite d’éléments récupérés, et assemblés tels quels, sans retouche. Mais il ajoute à ces éléments du béton, qu’il fabrique lui-même (coffrage ou moulage). Il y a donc une association hybride, entre récupération et fabrication, ce qui donne un assemblage, qui, d’après Peltier, donne à voir « l’objet en tant que matière ». Bien souvent, il n’y a pas qu’un objet, mais plusieurs. D’après Peltier, chaque élément est censé mettre en valeur l’élément qui lui est associé. Nous avons un élément commun dans le vocabulaire frémioto-peltien: une partie du message est faite pour transmettre “à côté” (« ailleurs » pour Frémiot), ce qui peut faire sens pour un lecteur de philosophie, spécialement de Whitehead, qui a écrit qu’être, « c’est être présent dans une autre entité », ce qui veut dire ceci: L’être, pour employer un terme de l’antique vocabulaire philosophique, ne représente pas une entité close sur elle-même qui n’aurait besoin de rien d’autre qu’elle même pour exister (Descartes) ; s’il y a de l“être”, c’est parce qu’une chose a besoin d’une autre pour exister. Donc, la présence dépend toujours de quelque chose d’autre qu’elle même.

Le 10 février, nos deux artistes s’expriment face à la Presse, et ce sont donc leurs paroles — entre autres — que nous allons maintenant lire et écouter. 

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Frémiot : On peut préciser, Patrick Peltier, Jöel Frémiot. Patrick Peltier c’est le sculpteur et moi je suis le peintre. Moi je suis sur le mur, et Patrick est dans l’espace. On explique déjà le titre de l’expo : « Entre-Eux-Deux ». Il y a un entre-deux entre la peinture et la sculpture, mais on a insisté sur le « eux », on a rajouté e-u-x, c’est peut-être nous, mais c’est surtout le regardeur, le visiteur, celui qui va cheminer dans l’exposition, et va se créer un voyage entre la surface et le volume. Et, qu’est-ce qu’on a fait là ? On a essayé, en posant des jalons dans l’espace et sur les murs, de créer une sorte de récit, en quelque sorte, un récit où il n’y a pas de mots, pas de phrases, ni de paragraphes, mais quelque chose qui déroule une préoccupation qui nous est quand même quelque fois commune, ce qui justifie notre duo, ici. Sur le plan formel, chromatique, en quelque sorte : Patrick, dans ses sculptures, incorpore de la couleur, c’est-à-dire que la couleur, on a l’impression qu’elle est à l’intérieur de son béton, elle se faufile entre la pierre et le bois. C’est le sculpteur qui avale, en quelque sorte, la couleur, et le peintre, au mur, lui il la rejette en quelque sorte. C’est du noir, c’est du blanc, c’est des scansions noires et blanches, et puis, quelques petites traces qui viennent ricocher dans un angle, ou à la périphérie, et le graphisme qui est sur ces peintures, semble fuir, en quelque sorte, une écriture qui est peut être en dehors du support. Alors je parle d’abord de mon
Peltier : Vas-y vas-y ! continue, ça m’arrange [rires]
Frémiot : Je travaille sur des plaques, en ce moment, ce sont des travaux récents, pour nous, c’était fait l’année dernière, en gros, et on eu l’idée donc de les associer, on a proposé à monsieur Moreau de nous accueillir, ce qu’il a fait, et bien fait, on est tous surpris, et agréablement surpris. Alors ! pour revenir à mon travail sur ces panneaux. Ces plaques. Ce sont des plaques de polypropylène, des plaques de plastique, rectangulaires, qui font 1.20m sur 80. Si j’y pose un pigment quelconque, ça glisse ça tient pas. Donc je suis amené, déjà, à faire un premier travail : créer mon grain, c’est-à-dire : poncer la pellicule qui est sur ces plaques de polypropylène, et ensuite le pigment, mais un pigment tout à fait traditionnel, soit acrylique, lavis, gouache, huile, etc., là le pigment peut adhérer. C’est un petit détail de cuisine, mais c’était nécessaire de dire que, déjà je crée mon grain. C’est-à-dire que je prends possession de mon support. Et, le rectangle, ma foi, me satisfait pas forcément, alors je l’ampute ; pour créer une perspective en quelque sorte, ma perspective, qui définit mon territoire sur lequel je vais agir. Et… ça ne sufit pas encore, une fois amputé le rectangle, il faut que j’amène encore une biffure, une oblique, qui se balade plus ou moins discrètement sur à peu près toutes les plaques qui sont ici. En quelque sorte, pour prendre possession de mon support, je l’ampute, et je le biffe. Je le sectionne. Je procède par séparation. Je crée ainsi une, deux, trois zones, et, dans ces zones, qui sont, la plupart du temps noires et blanches, bien sûr le noir va avaler la lumière, le banc va la rejeter… je suis amené quand même, je ne suis pas satisfait de cette géométrie bancale, il faut que quelque chose s’inscrive sur cette paroi. Donc, un geste, quelque chose va amorcer une écriture, 
 
mais là comme c’est une écriture qui n’a pas de sens, c’est pas une langue, c’est pas un code… disons que ça naît ici, ça naît là, ou alors ça naît ici mais… il y a toujours quelque chose qui m’échappe. Et le fait que ça soit de guinguois, bancal… avec ces signes qui se promènent autour, dans l’angle, j’accentue ce côté d’image qui se défait. C’est un jeu de cache-cache. Une apparition, une disparition en même temps. Et c’est ça que j’ai envie, simplement, de laisser, discrètement, vivre là sa vie. C’est-à-dire que, c’est un procès de l’image, aujourd’hui l’image, toujours l’image, il y en a partout, on est accablé par les images… Peut-être que le devoir d’un… pour moi le devoir du peintre, finalement un peintre c’est un technicien de surface, c’est quelqu’un qui fait du nettoyage, et qui essaie de revenir à une certaine propreté [rires] j’exagère, mais enfin quelque chose de complètement
Le Fur [critique d’art] : de Supports-Surfaces
Frémiot: de complètement épuré. Comment ?
Moreau [conservateur et commissaire d’exposition] : Il disait « de Supports-Surfaces »
Frémiot : Alors j’y étais, oui, dans mon jeune temps
Moreau : Effectivement, il y a un lien
Frémiot : Dans mon jeune temps, effectivement j’ai travaillé avec les Supports-Surfaciers, oui
Le Fur : Pourquoi avoir choisi ce matériau?
Frémiot : Alors est-ce que c’est une question d’âge ? Parce que je commence à avoir mal dans le dos… c’est un matériau effectivement très léger… Non, je plaisante. C’est quelque chose qui est fragile. Bon, je pourrais prendre du papier, mais le papier supporterait pas ces couches, de nombreuses couches qui s’accumulent là-dessus. Et, je ponce. Je mets une traînée de couleur avant tout, et je recouvre de noir, et après je reponce pour faire réapparaître un sembant de couleur. Donc, ce support est là la fois rigide, mais il est aussi maniable pour que je puisse le fendre au cutter facilement. Donc j’ai fait un choix technique très simple, mais, dans cette série là, mais je travaille aussi sur toile, sur papier, ou autres. Mais pour cela, et en plus, pour moi la peinture devrait être vraiment une [inaudible] de surface, et là, le peu d’épaisseur du support, permet, à cette peinture de se fondre dans le mur, voyez, d’être le moins objet possible. Que ce soit quelque chose qui soit le plus pelliculaire possible.
Moreau : Mais la première plaque, c’est quelque chose que vous avez récupéré un peu par hasard, que vous avez sous la main, ou c’est un choix délibéré ?
Frémiot : C’est un choix délibéré
Moreau : d’aller en chercher une en magasin…
Frémiot : J’ai été farfouiller dans les maisons de bricolage ou autres, pour essayer de trouver quelque chose qui me corresponde. Je pouvais prendre du contreplaqué, par exemple, en bois, mais le contreplaqué aurait nécessité que je prenne une scie et que je… [une digression rapide sur les affaires liées au polypropylène nous fait rire…] C’est un matériau excessivement pauvre, c’est humble, quelque chose de tout à fait simple. Et c’est pour ça, et je reviens au travail de Patrick Peltier, qui lui aussi emploie des matériaux très simples, il vous l’expliquera lui-même. C’est le travail de la couleur et de la forme qui peut donner un semblant de richesse, et un semblant de richesse, je le signifie, dans certaines plaques, où j’emploie de l’argenté, du doré, du cuivré, pour donner un côté un petit précieux à la chose, en faisant un clin d’oeil. Mais dans tout ce qui est présenté ici, mon souci est d’être le plus discret possible, les choses doivent apparaître, et très vite disparaître… se noyer… c’est, une trace. Je pense aux poèmes d’André du Bouchet, on lui demandait pourquoi il dispersait ses mots, comme ça, sur sa page ; il disait : un paysage de neige qui commence à fondre. Et quelques petits cailloux… C’est un petit peu dans cet esprit là aussi que je travaille : quelques petites touches, quelques petites marques, quelques petites virgules, qui sont là pour… pour murmurer, plutôt que pour affirmer. Je tends vers le silence, la peinture est muette, la peinture est silencieuse, donc pourquoi la rendre… tapageuse ? Bon, monsieur faisait allusion tout à l’heure à Supports-Surfaces, effectivement, j’ai été, un peu plus jeune que les Supports-Surfaciers, j’ai été très lié à Dezeuze, à Viallat, et j’ai fait pas mal d’exposition avec eux. J’ai deux choses dans ma petite histoire ; très jeune j’ai travaillé avec les Lettristes, les hyper-graphistes, dans les années 60, par là… Donc le signe, la lettre, le geste… et puis après effectivement j’ai évolué et, je suis passé par Supports-Surfaces aussi, et je crois qu’aujourd’hui, cette formation, entre guillemets, est encore présente, ça a été des moments fondateurs… pour moi c’étaient des rencontres, travailler, frotter à eux, et surtout avec les Lettristes, je travaillais avec Isidore Isou et ces gens là, c’était pas du gâteau hein ! Fallait y aller ! Les Supports-Surfaciers étaient un peu plus simples un peu plus compliqués de la tête mais enfin, tout ça, ça vous fabrique son bonhomme.
Moreau : D’ailleurs j’ai oublié, mais en fait, vous avez fait une exposition, dans l’ancienne formule du Musée, au tout début qu’il y avait une galerie, dans les années 80.
Frémiot : La première exposition que j’ai faite, qui a été proposée à Monsieur le Maire, ici. Alors à cette époque là, effectivement, c’était en 80 ou 81, j’avais présenté des grandes toiles, non tendues, comme on le faisait, avec Viallat, et certains autres, et c’était la première fois, je crois, que le Musée se mouillait dans ce genre de choses. Donc pour moi, revenir ici, c’est un bain de jouvence. [Rires…] Le lieu est maintenant, ma foi, somptueux. Au niveau de mon travail, je pense vous avoir dit, très vite, mais l’esprit dans lequel je travaille c’est-à-dire que je ponce, j’inscris, je gomme, j’efface, et [inaudible] et pour ce travail qui se fait, en vue d’être… là au contraire très… murmurant.
Moreau : Les motifs sont toujours en marge
Frémiot : Toujours en marge
Moreau : C’est l’idée qu’il y a autre chose qui peut se passer
Frémiot : ailleurs
Moreau : à côté
Frémiot : Ma peinture se poursuit ailleurs. Mais c’est pour ça que j’ai des travaux souvent par séries, mais effectivement ces séries, ça pourrait être un puzzle, une grande surface qui a été découpée, mais non, c’est pas possible, il y aura toujours quelque chose qui va créer un No man’s land, No man’s land qui est nécessaire pour le regardeur, c’est à lui de poursuivre finalement ce signe, cette image, cette amorce d’écriture, c’est à celui qui regarde de finir. Finalement, avec Patrick on a envie de créer un lieu de… une sorte de… nos outils, nos objets, nos travaux, sont des outils de méditation en quelque sorte, une espèce de choses qui sont là pour aider la pensée, aider la réflexion, aider la méditation, et le regardeur vient avec sa valise…
 
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(Je laisse au lecteur le soin d’écouter le début de ces paroles, qui ne sont pas retranscrites ici)
 
Lascault [écrivain et plus encore] : Donc, pour ici, c’est une façon de refuser tout encadrement
Peltier : Oui, tout à fait
Lascault : Et en même temps ici, quand on voit, ce qui domine, c’est quand même, de façon, à partir du bas, et l’horizontale qui compte le plus souvent… au fond, en calculant la hauteur par rapport au sol, c’est finalement une horizontale qui domine
Frémiot : C’est une horizontale, c’est un horizon effectivement, mais un horizon discontinu, hâché, cassé, mais effectivement, il y a cette horizontalité.
Moreau : Le plan bas, inférieur, est souvent respecté.
Frémiot : Oui
 
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Peltier : Je travaille principalement le béton. Le béton qui est très souvent coloré dans la masse. Et qui est parfois associé avec d’autres matériaux, tel le bois, telle la pierre. Donc ce béton est travaillé presque systématiquement par coffrage, moulage, et ce sont des juxtapositions de matière, qui jouent les unes entres les autres, et qui exaltent la matière d’à-côté, c’est-à-dire le béton fait prendre conscience du bois, le bois fait prendre conscience du béton. C’est une harmonie qui doit se faire, très subtilement, c’est-à-dire, qu’il y en ait pas qui prenne véritablement le pas sur l’autre. Et c’est ce qui fait comprendre, justement, l’objet en tant que matière.
Frémiot : Tu procèdes par accouplements
Peltier : Accouplements, juxtapositions
Frémiot : Alors que moi je procède plutôt par séparation
Peltier : Moi c’est l’inverse. Moi je marie. Et d’ailleurs il y a des pièces où le… par exemple du bois… il y a certaines sculptures que j’ai fait en bois où il faut faire très attention que la forme du bois, la qualité du bois, la valeur intrinsèque de l’objet, ne devienne pas trop prééminente ; que la liaison avec les autres matières se fasse lentement, doucement, pour que l’objet prenne véritablement sa valeur. […] Quand les sculptures sont toutes en béton, par exemple, très souvent, c’est par variation du travail sur le béton lui-même que l’association se fait, parties lisses parties grumeleuses, ça exude… donc, c’est comme ça que se forme l’ensemble.
Moreau : Et en général, les matériaux que vous utilisez, c’est plutôt des matériaux de récupération
Peltier : des matériaux de récupération, oui, principalement. Mais alors contrairement à une pratique de la sculpture, de récupération de matériaux, c’est-à-dire à la façon Picasso, par exemple, on prend une selle, ça devient une tête de taureau, c’est pas du tout mon propos ; c’est à partir de la matière, c’est l’objet matière qui intervient. Il a vécu, il a une qualité plastique en tant que telle, mais il ne devient rien au départ en tant que forme ; il n’est que matière.
Moreau : Vous ne cherchez pas à donner une forme qui évoque quelque chose
Peltier : Non, absolument pas.
 
Peltier semble concentrer la matière là, maintenant, tandis que Frémiot déclare que sa « peinture se poursuit ailleurs ». Peltier recentre, Frémiot s’échappe. D’ailleurs, vue d’un certain angle, sa peinture semble transformer la géométrie de l’endroit même où elle se trouve ; ce qui est certainement dû à son infime épaisseur. Autant la peinture de Frémiot, dans son économie, tend vers le signe, c’est-à-dire l’humain, autant la sculpture de Peltier se refuse à une expressivité anthropomorphe, ce qu’il dit d’ailleurs assez explicitement. En quelque sorte, Peltier trouve des morceaux, fabrique des entités de béton, et les assemble pour, peut-être, re-fabriquer des objets à partir de leur matière. Il parle de mariage, et c’est une réunion. De ce point de vue, alors, et c’est cela aussi la communication, l’oeuvre de Peltier est muette, non pas renfermée en elle-même, mais s’exprimant dans le langage des objets ; ce qui, nous, nous laisse muet ; fors les artistes, seuls capables de faire parler les mondes.
 
Léon Mychkine
 

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