La main de Gilles

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Chercher à écrire. Comme on cherche de l’oxygène supplémentaire (au quotidien). C’est cela. 

Chercher dans les images, dans le stock. “Retrouver” cette main de Gilles, photographiée par votre serviteur, le jeudi 03 août 2017, à 14H42, Musée du Louvre. Et pour dire quoi ? D’abord que la toile a été pliée, trop longtemps (passage du pli à la base du pouce, ensuite, suivez la ligne…). Et puis ceci : La main symbolise l’ouverture et la fermeture, ici de la peinture, ou de la lumière, c’est à ce moment la même chose. Voyez comme, si l’on part depuis le pouce, très éclairé (ongle brillant) et que nous descendons comme sur des touches de couleur jusqu’à l’auriculaire, peu à peu les doigts semblent de plus en plus “rentrés”, repliés, et de moins en moins éclairés. Et ce détail photographique le montre bien. Et que signifie ce passage de la lumière à l’ombre ? La nature du comédien, du spectacle : il apparaît et il disparaît, en un battement de cœur, de cil, ou de tambour. On pourrait penser que la scène est naturellement éclairée depuis le côté gauche, et que c’est pour cela que la main va s’assombrissant. Mais alors pourquoi le dernier personnage en bas à droite serait si bien éclairé ? Tout à coup, j’ai l’impression qu’il n’y a ici qu’un seul vrai personnage ; Gilles, qui se tient devant un décor, car, on le remarque, les personnages au second plan n’entretiennent aucune relation ni avec Gilles ni avec le peintre ni avec le spectateur. Seul Gilles entretient la double relation (vers le peintre et vers le spectateur) ; et il n’est pas du tout concerné par la scène qui se joue derrière lui, qui, par ailleurs, mobilise au moins trois personnes dont toute l’attention est retenue par un âne, tiré par le Capitaine Matamore, dernier personnage sur la droite ; âne qui, apparemment, se refusant d’avancer, doit certainement être en train de braire. Or le braiement est très sonore. Mais Gilles n’en est aucunement troublé. Étonnant… (Rappelons que les quatre autres personnages, de gauche à droite, représentent un Docteur charlatan, Lélio, et Isabella, qui, avec le Capitaine, sont des figures classiques de la Commedia dell’ arte).

Qu’est-ce, par excellence, que le théâtre ? C’est un acteur (au moins), et un décor. Or un décor, au théâtre, est anecdotique. Dans ce sens, la scène déroulant quatre personnages dont un âne n’a, ici, aucun poids dans l’objectif premier du peintre Watteau, à savoir un portrait en pied, précisément, de Gilles. 

La main de Gilles, photographiée le jeudi 03 août 2017, à 14H42, à l’aide d’un Reflex Nikon numérique.

 

Antoine Watteau, “Gilles”,  1718, huile sur toile, 184,5 × 149,5 cm, Musée du Louvre, Paris (photographié trop flashy, comme souvent) [Le Musée du Louvre est tellement radin en pourvoyeur de plaisir scopique que la définition la plus haute qu’il offre est 119 Ko. Encore un effort pour faire partie du XXIe siècle ! On trouvera donc des définitions plus hautes et des grossissements actifs chez… Monsieur Google ! Comme de bien entendu] 
Autres étrangetés, non anodines :

 

 

Deux autres messages visuels pour nous signaler quelque chose ici : Les yeux, pas du tout alignés. Les rotules, non alignées non plus (prenez du recul, regardez l’image d’ensemble, et constatez avec moi que les deux pointes des genoux ne sont pas parallèles…) Pourquoi ?

Mais si ces signes sont intentionnels, cela veut dire que Watteau signale que tout cela n’est pas réel, en son ensemble ; que tout cela n’est qu’un jeu. (Peut-être)

 

Léon Mychkine

 Critique d’art, membre de l’AICA, Docteur en Philosophie, chercheur indépendant.

 

 


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