Un point aveugle de l’indignation ”tendance” : Andy Warhol et Mao Zedong

Dans notre ère de censure (et d’auto-censure) tous azimuts (de l’arabe “az-samt”, « chemin »), il est étonnant de voir comment certaines œuvres ne sont jamais dérangées dans leur tranquille accrochage.

Andy Warhol, ‘Mao’, acrylique et sérigraphie sur toile, 30,5 x 25,4 cm, 1973, The MET, New York

Il en va ainsi par exemple des sérigraphies de Mao Zedong réalisées par Andy Warhol, en 1973. Imagine-t-on, dans un musée d’art, un ou des portraits d’Adolf Hitler, de Benito Mussolini, ou de Franco ? Non, à part en Iran, c’est peu probable. La question, alors, c’est pourquoi tolère-t-on des portraits du champion du monde des tueurs au XXe siècle ? Dans leur biographie remarquable et terrifiante, Mao : The Unknown Story, Jon Halliday et Jung Chang nous rappellent, ou nous apprennent, que Mao Zedong est responsable, durant son long règne, de la mort d’au moins 70 Millions de personnes… 70 millions de personnes. C’est un chiffre difficilement entendable, difficilement compréhensible. Certes, durant les années 60-70, le maoïsme n’aura pas épargné les “intellectuels” occidentaux, qui, déjà, voulaient bien fermer les yeux sur ce que Simon Leys, en France, dénonçait dès 1971. Aussi, quand on relit dans la revue Tel Quel, les gloses délirantes sur le maoïsme, on se frotte les yeux. Comment se fait-il qu’après des années de décillement, on puisse toujours assister à un semblant de tolérance avec le plus grand serial-killer du XXe siècle ? Pourquoi Warhol s’applique-t-il à dépeindre ce dirigeant sociopathe et, obsédé qu’il était par les séries, à produire des dizaines de portraits ? Pourquoi Warhol a choisi Mao comme sujet ? Une publication en ligne de Public Delivery, une organisation basée à Séoul, nous apprend que c’est le galeriste de Warhol, Bruno Bischofberger, qui a suggéré à l’artiste de revenir à la peinture en dépeignant les personnage les plus importants du XXe siècle. On lit donc que, dans les années 70, Zedong était le personnage le plus célèbre au monde. La multiplication des icônes du vivant même de Zedong a complètement fasciné Warhol, et il s’est mis à la tâche. Mais, encore une fois, Adolf Hitler était assurément très célèbre aussi dans les années 70. Pourquoi pas lui ? Je pense que la première raison à cette impossibilité est évidente. Hitler, c’est le mal absolu dans toute l’Europe, c’est l’Antéchrist en personne. Mais la Chine, c’est très loin, c’est exotique. De fait, je ne suis pas loin de penser que Warhol n’en avait rien à faire de savoir si Zedong était la première des ordures. Et je pense qu’il y avait là un certain goût pour l’exotisme de pacotille, si bien décrit par Edward Said, qui, dans son livre Orientalism, nous rappelle à quel point « l’Orient était presque une invention européenne, et avait été, depuis l’antiquité, un endroit d’histoire d’amour, d’êtres exotiques, de mémoire obsédantes, et d’expériences remarquables.» Je ne serais pas surpris d’apprendre que, pour Warhol, Mao Zedong, c’est ça ; un chinois super célèbre, mystérieux, avec plein de pouvoir. Une figure de style en soi, avec son éternel col

Andy Warhol, MAO, Sotheby’s
 
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Réponse : parce que Warhol n’avait que fort peu de talent, mais il fut assurément un grand pornographe (« grand » dans le sens littéral). De fait, Warhol est ‘overrated’, surcôté.
 
samo samo

Le galeriste Bischofberger suggère à Warhol de se remettre à la peinture. Question : À quel moment Warhol est-il vraiment peintre ? Regardez-moi ces coups de brosse. Qu’est-ce que cela veut dire ? Rien.

Léon Mychkine

 


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