Une sculpture de Per Kirkeby. L’évidement. Suite #2

        

Per Kirkeby, “Læsø-Kopf II”, 1983, Brons, 91 x 43 x 40 cm, Museum for Contemporary Art, Stockholm

Kirkeby a dit qu’il n’était pas un sculpteur, mais un peintre. Cependant, il a produit des sculptures. Comment comprendre ? Je ne sais. Il s’agit d’une tête de Læsø. Læsø est une île sur laquelle Kirkeby se rendait chaque année, depuis 1979, y ayant maison et atelier. Avant lui, en 1964, Asger Jorns y avait acquis une maison.    

Læsø est mon sanctuaire. Ce n’est pas le genre d’endroit où les gens passent pour dire bonjour. En même temps, je ne suis pas du tout sociable. Je ne connais personne à Læsø en privé. Je veux juste être seul, ça a toujours été comme ça. J’ai eu une exposition à la Tate à Londres. Ils ont envoyé quelqu’un pour découvrir ce qu’était Læsø. Il a écrit : « C’est un endroit où il ne se passe absolument rien, et c’est là tout l’intérêt de Læsø.» Et c’est vrai. [Synne Rifbjerg avec Per Kirkeby, “Den nødvendige resignation” [La démission nécessaire], Kultur #26, 1 juillet 2016. (Traduit avec Deep.L.com et uniquement, arrangé toutefois un tantinet, mais je ne connais pas le danois, cependant que la phrase citée par Kirkeby est en anglais.)]   

On pourrait mettre en rapport les propos (et leur nimbé) de Kirkeby avec la tête (“Kopf”) ci-dessus, et considérer qu’il s’agit, au sens littéral et métaphorique, d’une tête vide. D’ailleurs, heureusement, si l’on peut dire, que la sculpture est ainsi titrée, car sinon nous serions bien en peine de nous approcher du moindre thème figuratif. Mais bien qu’éclairé par ce dernier, nous sommes dubitatifs. Quel est le rapport entre le mot « tête » (“Kopf”) et la sculpture ? Kirkeby ne joue-t-il pas avec la toute naturelle volonté interprétative ? On peut le penser. En tout cas, cette “Læsø-Kopf II”, cette “Tête de Læsø”, est bien vide. Le titre et la pièce n’ont, littéralement, aucun rapport. Ici, la sémantique bute. Que pourrions-nous alors avancer si le titre n’était pas “Tête” ? Je me le demande. On trouverait bien quelque chose. Mais, encore une fois, sagit-il d’autre chose ? Une capuche ? Un ex-voto ? Une vulve écartée ? Une tête vue de derrière ? Pensons à la statue de Fernande, par Picasso, vue de derrière (quel vilain mot !)   

Pablo Picasso, “Head of a Woman (Fernande)”, Clay original: Paris, autumn 1909; Plaster model: Paris, late 1910; Bronze cast: Foundry Désiré or Florentin Godard, Paris, made to order for Ambroise Vollard between July 27, 1926, and March 11, 1927, The Met

Rappelons-nous que Kirkeby dit qu’il n’est pas figuratif. Le voici modelant sa sculpture, d’abord en terre, supposera-t-on. Avec un peu d’imagination (mais enfin, que serait un artiste s’il en était dénué ?), supposons encore que le voilà en train de façonner une tête recouverte d’une capuche (c’est le plus probable). Il est satisfait. Cependant, comme il l’a indiqué (voir article précédent sur Kirkeby), et depuis quelques temps (en années), dès qu’il réalise du figuratif, et particulièrement un visage, une tête, à un moment, il ne le supporte plus, il repasse par dessus — ce n’est pas un repentir —, et la tête disparaît à jamais. De la même manière en sculpture, le visage réalisé s’est évanoui. Mais au lieu de tout écraser et de recommencer à zéro, il vide le visage, enlève la matière (et la sculpture, c’est enlever ou ajouter de la matière ?), et évide toute la partie de la tête, ne laissant apparente et matérialisée que la capuche. Néanmoins, le titre, c’est bien “Læsø-Kopf”. Oui, il y a eu une tête, mais elle n’est plus là. Le titre eut pu être “Tête Fantôme”. Et nous en resterons là.   

LM

+_____________________________________________________________________

Vivre de ses écrits ? / To live from writing?

L’écriture est un art. Chacun peut en convenir. Pourtant, un écrivain ne dit jamais qu’il est un “artiste”, et jamais on ne dit qu’un écrivain est un artiste. Néanmoins, l’écrivain comme l’artiste partagent un point commun, un idéal : vivre de ses productions. Des artistes se sont étonnés que je ne “gagne pas ma vie” avec mes écrits. Je rappelle que je ne suis ni salarié, ni rentier. Je ne me plains pas, je précise ma situation. Je ne suis pas une victime, je n’en veux pas à la société, ni à personne. Maintenant, j’ai essayé, de temps en temps, plutôt rarement que souvent, de faire acheter un article. Ça n’a jamais fonctionné. Même à 0,50 €. Je me suis dit que je pourrais procéder par abonnement, comme le font tous les journaux et magazines. Mais depuis la mise en ligne du premier article sur Article, le 03 juillet 2016, nous en sommes aujourd’hui à 718 articles en ligne ; et afin de proposer une “formule” abonnement , il faudrait que je refonde tout le site. C’est un travail énorme, que je n’ai pas du tout la force de faire, ni les moyens de le faire faire. Alors, je me dis, ce jour, plein d’optimisme candide (à mon âge, c’est touchant) : « Tiens ! je vais proposer au lecteur de me financer, à hauteur d’1 Euro par mois…». Cela peut paraître bien dérisoire, mais, sur ces derniers vingt-huit jours, Article a reçu    

lecteurs. C’est (vraiment) beaucoup. Et je ne suis pas certain, en toute franchise, que beaucoup de sites Internet dédiés à l’art contemporain et moderne, et alimenté par un seul auteur, puissent produire autant de lecteurs par mois, et dans le monde entier. Alors, réfléchissez, et demandez-vous si cela “vaut” 1 Euro par mois ? Bien sûr que cela “vaut” plus. Mais imaginez que vous soyez quelques centaines à verser cette somme dérisoire sur le compte Paypal ou via votre carte bancaire à Léon Mychkine (alias de Fabrice Bothereau, ancien poète, Docteur en Philosophie, chercheur indépendant), ou même, soyons-fous, quelques milliers de lecteurs. J’obtiendrais une vie plus digne, et serais à même de voyager Vraiment plus souvent afin d’alimenter bien plus de visu l’art dont je traite et pour lequel je donne mon temps, et ce pourquoi je vis. Alors, lecteur, ce n’est pas compliqué pour m’aider, il faut juste cliquer

ici

N’est-ce pas chic que de contribuer à un véritable mécénat démocratique pour un site électronique non corrompu et incorruptible ?

En vous remerciant, bien cordialement,  

Léon Mychkine 

__________________________________________________________________

Writing is an art. Everyone can agree on that. But writers never say that they are ‘artists’, and no one ever says that writers are artists. Nevertheless, writers and artists share a common ideal: to make a living from what they produce. Some artists have expressed surprise that I don’t ‘earn a living’ from my writings. I would point out that I am neither a salaried employee nor an annuitant. Note that I’m not complaining, I’m explaining my situation; I’m not a victim, I don’t blame society or anyone else. Now, I’ve tried, from time to time, more rarely than often, to sell an article online. It has never worked. Even for €0.50. I thought I’d take the subscription route, like all newspapers and magazines do. But since the first article went online on Article on the 03 of July 2016, and now that we’ve reached 718 articles, and in order to offer a subscription ‘package’, I would have to redesign the whole site. It’s a very massive job, which I don’t have the energy to do at all, nor the means to have it done by a webmaster. So one day, full of candid optimism (at my age, it’s touching), I said to myself: ‘Here! I’m going to ask readers to fund me, to the tune of 1 Euro a month…’. It may not sound like much, but over the last twenty-eight days, Article has received

readers. That’s (really) a lot. And I’m not sure, quite frankly, that many websites dedicated to contemporary and modern art, and powered by a single author, can produce that many readers per month, and worldwide. So think about it, and ask yourself if it’s ‘worth’ 1 Euro a month? Of course it’s ‘worth’ more. But imagine if a few hundred (or even, let’s be crazy, a few thousand) of you paid this paltry sum into your Paypal account or via your bank card to Léon Mychkine (aka Fabrice Bothereau, former poet, Doctor of Philosophy, independent researcher). I’d live a more dignified life, and be able to travel a lot more often so that I can see for myself the art I deal with and for which I give my time, and the reason I live for. So, reader, it’s not complicated to help me, all you have to do is click

here

Isn’t it wonderful to contribute to a real democratic sponsoring for an uncorrupted and incorruptible website?

Thank you very much.

Sincerely yours,

Leon Myshkin