ART-ICLE.FR, the website of Léon Mychkine (Doppelgänger), writer, Doctor of Philosophy, independent researcher, art critic and theorist, member of the International Association of Art Critics (AICA-France).

Variations sur Cristine Guinamand. L’incendie du bestiaire (#1)

Ces peintures sont aussi le lieu de la tragédie de ces beautés fragiles disparaissant, images d’un monde qui s’effondre. (CG)

L’art contemporain est parcouru de nombreux courants et contre-courants. Si on pose la question aux connoisseurs (sic), à savoir « qu’est-ce qui domine ? », on pourra répondre : « un certain “bon goût »; que ne nous pourrions qualifier de petit-bourgeois, car une bonne partie de la production — spécialement en peinture —, déborde de « sentimentalisme », adjectif qu’attribuait Barthes aux petits-bourgeois dans ses Mythologies. Le sentimentalisme en peinture, c’est cette manière quelque peu niaise de présenter au regardeur un éventail et registre des émotions et partitions chromatiques convenables. Le sentimentalisme est en train d’exploser aujourd’hui, avec une recrudescence de paysages pour beaucoup plus niais les uns que les autres. Un chouïa de flou, quelques touches de pinceau pour évoquer le vivant, un peu de sombre et de couleurs rehaussées, mais non vives, car le vif, c’est vulgaire, et  hop ! emballé c’est pesé !, au trébuchet d’une certaine bienséance, de bon ton, qui ne causera nulle indigestion ; ça passera très bien. Cristine Guinamand n’est pas de cette facture en bonbon mielleux. C’est une artiste courageuse, et elle n’a d’ailleurs pas peur de dire ce qu’elle pense. Dans une vidéo (ici), que je conseille vivement au lecteur de visionner, nous la voyons et écoutons parler de son art, mais aussi très brièvement du milieu ; des artistes qui ne changent pas de style dès qu’ils en ont trouvé un, de ceux qui, de fait, n’ont pas le courage de se remettre en question et, corollairement, des galeries qui, une fois qu’elles ont trouvé un artiste vendeur, ne veulent surtout pas qu’ils changent de style, car, dit-elle, les galeries ne pensent qu’à cela : l’argent. On peut supposer qu’elle sait de quoi elle parle, car elle ajoute qu’elle en est à sa quinzième galerie ! Cette anecdote permet de situer Guinamand dans la catégorie des artistes libres, qui ne font exactement qu’une chose : ce qu’ils veulent ; c’est-à-dire coûte que coûte avancer dans leur art, d’une manière décidément indépendante, et c’est finalement la seule garantie de devenir vraiment un artiste, et pas qu’un vendeur d’œuvres prémâchées et même prédigérées. Une autre anecdote, datant de l’enfance, que je laisse au lecteur le soin de découvrir, permet de situer, chez Guinamand, une ontologie de la révolte ; elle ne contourne pas les obstacles, elle les enfonce. C’est ce qui explique aussi pourquoi Guinamand n’a jamais voulu s’enfermer dans un style, d’où l’assez grande variété de sa production, avec des œuvres plus ou moins expérimentales. Bien entendu, il est très difficile de réussir à exceller dans plusieurs styles, et, pour ma part, je trouve certaines œuvres moins réussies ou convaincantes que d’autres. Mais j’entends déjà la réponse de Cristine : cela n’a aucune importance, comme elle le dit dans la vidéo mentionnée ; car ce qui compte, c’est aussi de faire, et donc aussi, d’avancer. Très vite, dès 2006, si je suis bien la chronologie, Guinamand produit des peintures détonantes

Cristine Guinamand, “la Mariée”, huile sur toile, 92 x 65 cm, 2006, Coll. privée, Courtesy de l’artiste 

Comme on dit dans Les Tontons Flingueurs : C’est du brutal ! Et comme souvent, avec la peinture contemporaine, et même moderne déjà, le cerveau est mis à contribution pour tenter de comprendre ce qui se passe dans cette scène furieuse. On nous indique une mariée. OK. On interprète la robe, la chevelure, et puis ? Devant elle, une forme humaine couchée sur une chèvre (pour couper du bois, non pas l’animal). Est-ce vers cela que se dirige la mariée ? À un moment, je voyais un autre corps sur une chèvre, à gauche de la mariée, le tout en marron, mais aujourd’hui, je ne le vois plus… Mystère de la vision, et de l’interprétation. Je ne sais plus quoi y voir.

Cristine Guinamand, “la Mariée”, [détail 1]

Qu‘est-ce que cet enchevêtrement peut bien vouloir dire ? Mais tout est enchevêtré ! Je crois qu’il y a deux qualificatifs qui caractérisent la peinture de Guinamand : enchevêtrement, débordement. Regardez la liaison entre ce que l’on peut supposer le visage de la mariée et la forme ci-dessus (détail 1)

Cristine Guinamand, “la Mariée”, [détail 2]

Une sorte de rayon vert…, qui désintègre le bras gauche ainsi que le visage ? (Guinamand se tord). Ça y est ! Cette forme marron, c’est une sorcière encapuchonnée, qui projette ou aspire quelque chose… Son visage ? dans la gueule de la mariée. Échange de bons procédés ou maléfices… Ça grince. Guinamand est une écorchée vive, elle ne fait pas dans la peinture de salon. Dans la vidéo, l’artiste nous apprend que, pour faire ce tableau, elle n’avait que très peu de peinture, et que cela se voit. On suppose évidemment qu’elle ne pouvait pas en avoir davantage. Mais il fallait peindre quand même. Peu de peinture, mais des choses à dire.

Faisons un bond de 11 ans

Cristine Guinamand, “Enfer et contre tous”, huile sur toile, 194 x 474 cm, 2016-2017, Fonds de l’abbaye d’Auverive, Courtesy de l’artiste

D’abord, voyez un peu les dimensions : c’est très grand, pas loin de 5 mètres de long !, sur presque 2 mètres de haut. C’est une fresque. (Sur un écran, on n’y voit pas grand’chose). Il faut détailler. Il s’agirait donc de l’enfer (d’une représentation), ou bien d’un jeu glissé sur l’expression « envers et contre tout », car l’expression « enfer et contre tous » n’est pas répertoriée, mais je suppose que notre artiste joue bien entendu avec l’équivoque envers = enfer, par exemple. On sait ce que signifie l’expression, soit de faire, malgré l’opposition ou l’indifférence des autres, ce que l’on veut faire. C’est bien ce que fait Guinamand. Cela se confirme depuis ses années. Puisqu’elle transforme l’expression (enfer au lieu d’envers), il est maintenant difficile de ne pas chercher un indice infernal dans la toile (sous couvert que nous ayons une “vision” adéquate de cet endroit, anus du monde). Alors, des indices ? Oui, quelques uns (je gage que Guinamand en a caché/indiqué un certain nombre, et ne vais pas risquer un examen supposé définitif).

Guinamand aime à peindre les oiseaux, et ils occupent une place centrale dans ses tableaux. Ici, au centre ou presque, comme un Christ ordonnateur ; dont l’aigle est une des métonymies, cependant que l’oiseau central n’y ressemble pas vraiment (à un aigle). Viens-je d’écrire pour rien ? Non pas. Je viens de signaler quelque chose de guinamandien. Mais revenons au titre, qui oriente notre compréhension (l’enfer contre tous). Dans le détail ci-dessous, de nouveau un volatile, qui semble voler de ses plumes dans un personnage peu avenant, disons-le : un monstre.

Mais l’oiseau, à gauche, n’est pas, dans son traitement, beaucoup plus avantagé que le monstre. La matière ici est du type duale, on voit et on ne voit pas : je vois un oiseau/je vois des touches. Guinamand ne cherche aucunement à “faire oublier la peinture”, au contraire, elle talocherait presque. Il y a quelque chose à interroger ici, mais je n’ai pas encore d’hypothèse (ceci, cependant : Guinamand peint-elle vite, dans une urgence qui lui fait appliquer rapidement ses touches, et, une fois que c’est fait, elle ne pourrait plus y “retourner”, car l’acte est joué. C’est possible).

Y a-t-il d’autres signes infernaux ?

C’est assez crade. J’aurais pu écrire : « c’est de la ‘bad painting’» ; mais c’est devenu du ‘name dropping’, et ça finit par ne plus rien dire. Autant écrire : « c’est crade ». On ne sait pas très bien si les trois figures à gauche évoquent des mamelons dégorgeants. On remarque tout à droite de cette espèce de corps à trois seins un visage, dont je gage que c’est un autoportrait. (Mais on voit aussi une autre tête juste en dessous…). Anything else ?

On ne sait pas très bien s’il s’agit…Si, c’est cela !, une sorte de tête de centauresse fatiguée, dégoulinante (on ne saurait oserait dire de quoi).

Encore une tête, il y a en d’autres. Une tête bien rouge, avec du feu sur la crâne. Généralement, j’évite de décrire bêtement ce que l’on voit, je trouve cela assez pléonastique comme propos, et c’est le degré zéro de la critique. Mais, parfois, il faut écrire ce que l’on voit, et je ne sais pas pourquoi (d’ailleurs), mais maintenant cela me paraît pertinent. Pourquoi ? Parce que si le lecteur ne dispose que d’un écran modeste, voire que celui d’un mobile, alors je fais bien de montrer ces détails, n’est-ce pas ? Ça dissèque un peu l’image, mais enfin, c’est aussi comme cela que nous regardons, partie par partie.

Ici, sûrement, une figure (voyez-vous en haut de cette forme jaune une espèce de coiffure chignon, avec des mèches de chaque côté, des yeux débordants, etc. Elle tient dans la main droite une tête de mort, et avance vers nous. À ses pieds, au bord de l’eau, surnage une autre tête, à l’orbite noire. Sur sa gauche, montent des fleurs étranges et des méduses.

Après quelques heures de pause, j’ai l’idée que la peinture de Guinamand vient de loin. Je pense qu’elle a été dans une sorte de pays, dont elle nous rapporte des descriptions. Ce n’est pas du tout une métaphore. Si les artistes, comme je l’ai écrit ailleurs, sont capables de produire des mondes, c’est aussi parce que certains d’entre eux “voyagent” ou ont “voyagé”, vont ou sont allés dans des territoires qui nous sont inaccessibles, dont tout ce qui reste, c’est la mémoire de l’artiste, et ses vues. Le voyage immobile, ça remonte au moins à Platon, avec sa description du délire poétique

Cristine Guinamand, “Juste avant..”, huile sur toile, 315×270 cm, 2018.Fonds de l’abbaye d’Auberive, Courtesy de l’artiste

La manière de peindre de Guinamand n’est pas aisée à saisir, tantôt en faux aplats, tantôt en acides-uités (sic). C’est comme s’il y avait le décor, à la ‘Combine’ de Rauschenberg (mais oppositivement genré), et une forme traditionnelle de brut pictural ; le tout féroce. On ne sait pas très bien si certaines de ces branches ne seraient pas des bras décharnés et osseux de sorcières. La forêt est menaçante et animiste chez notre artiste. Exemple guinamadien : rendre charmant le gros rat sur un lit de fleur. Un échassier dans un paysage découpé, tapissé, recollé, dans lequel on distingue, à la “fait-exprès”, ce qui dénote des plantes, des branches, de l’eau, et un soleil à la Méliès post-punk. Quant au reste… C’est un patchwork. Mais peut-être que le mot « patchwork » témoigne encore d’une paresse intellectuelle, car, dans la vidéo, Guinamand nous montre des dessins — assez remarquables —, datant de 2002, et dans lesquels, dit-elle, on trouve déjà ce qu’elle appelle des « multiples écritures », c’est-à-dire la superposition des motifs. Il faut bien garder en tête le terme d’« écriture », cependant que Guinamand parle aussi de « peinture derrière », ce qui bien entendu implique la superposition.

Cristine Guinamand, mine de plomb, crayon, encre, peinture de carrosserie et collage sur papier, 210 x 150cm, 2004, Courtesy de l’artiste

Si l’on prend au sérieux la phrase écrite par Guinamand en exergue — et pourquoi ne la prendrait-on pas ainsi? —, notre artiste peint un monde qui s’effondre. Autant dire un monde qui se désolidarise : la « Solidarité » est un concept majeur dans la philosophie (1929 !) d’A.N. Whitehead, soit le fait que tout est lié et interconnecté, pour le dire très vite. Or, nous sommes en train de Tout désolidariser, et, alors, tout se détache, et de nous, et du monte matériel, chaîne sans fin, réactions en chaînes ; c’est trop tard. De fait, ce que je prends pour un patchwork n’est bien plutôt que l’actualisation d’un écartèlement des éléments, d’une dissociation des parties qui avaient été liées et reliées entre elles par l’impensable travail patient — des éons —, de l’Évolution. Mais ce temps est en train de se finir. Tout ce découd. Seul semble en réchapper l’échassier, mais, tout de même, il un trou à la base du crâne, et il a l’air de se désintégrer (son état translucide). Donc, finalement, que reste-t-il ?, c’est peut-être la question.

Je crois que le style est en place (pour combien de temps ?) ; un style que j’appellerais flamboyant, comme le gothique flamboyant. Mais si je me contente de n’écrire que cette expression, cela risque de produire au lecteur une rétroaction de Guinamand dans le passé. Là où elle n’est pas, puisqu’elle peint aujourd’hui. On a comparé ce style ancien à une danse, toute d’ondulation ; mais ce n’est pas vraiment le cas ici. Pourtant, c’est gothique, et flamboyant (on retrouve les flammes du gothique, peut-être). Il y a quelque chose qui perdure depuis 2006, Gothique flamboyant sauvage. En écrivant ces trois mots faisant expression, ça ne veut plus dire grand’chose ; et c’est tant mieux, car, de toutes manières, une bonne artiste échappe aux étiquettes ; cependant que la tentative d’indexation permet de déplacer la pensée vers quelque chose ; un endroit, certes peut-être indéterminé, mais un endroit quand même, puisque, après tout, la peinture est rétinienne, et elle est déjà posée. Rien d’étonnant donc à ce que nous voulions, à notre tour, la re-poser, mais geste finalement assez curieux d’effacement du déjà-posé (c’est le moment interprétatif), qui était devant nous. Je pourrais aussi écrire que la peinture de Guinamand m’évoque une certaine forme de baroque, terme datant du XVIe siècle : ‘berrueco’ en espagnol, et ‘barroco’ en portugais. Et pour qualifier quoi je vous prie ? Une perle irrégulière ! N’est-il pas extraordinaire qu’à partir d’un terme de joaillerie on en soit venu à désigner un style architectural et artistique, mais aussi religieux, et donc politique ? Le baroque, c’est le surajout. Peindre, c’est ajouter. Ajouter, c’est peindre. Mais surajouter, c’est baroquer. Le baroque surgit quand la tonalité harmonique n’est plus respectée : ça hurle. C’est cela le baroque, « .. c’était revenir aux sources, et que le baroque c’en est l’étalage, c’est la régulation de l’âme par la scopie corporelle » (Lacan, Encore). Lacan n’était pas avare de billevesées, mais j’aime bien ce qu’il écrit, ici et là, et cela me permet, comme un écho inversé, de le contredire aimablement : le baroque de Guinamand ne convie pas à la régulation des âmes par la scopie corporelle, mais plutôt à l’éclatement de l’âme du monde — Schelling —, qui écrit : « L’intelligence est productive de deux manière soit aveuglement et inconsciemment soit librement et consciemment : inconsciemment productive, elle l’est dans l’intuition du monde, consciemment, elle l’est dans la création d’un monde idéel ». C’est le paradoxe de notre situation : les êtres humains sont intelligents, et leur agir est, pour partie, rationnel. Cependant, dans cet agir rationnel, s’est glissée une folie : l’exploitation-destruction du monde naturel. D’un côté, il est rationnel d’exploiter les ressources (nous devons vivre), et, de l’autre, nous empoisonnons et rendons nocives nos ressources vives… L’Anthropocène (dont les spécialistes disent qu’il faut sortir le plus vite possible et dont les ignorants usent comme d’un ‘name dropping’ à la mode), est bien l’entrée en jeu d’une dialectique absolument infernale qui pourrait se résumer par le concept de pharmakon : ce qui est la fois un remède et un poison. On sait l’usage que Derrida a fait de ce concept dans “La Pharmacie de Platon”, et le succès qu’a eue la notion grâce à lui, mais, je crois qu’il faut rester prosaïque en cette matière, et nous contenter simplement de l’idée que la notion de “pharmakon” nous offre la possibilité de penser un monde infernalement binaire, qui, dès qui y est introduit une action, s’y dépose son exact opposé, mais en pire (je te nourris et je te tue en même temps). Je crois que c’est ce monde-là que nous donne à voir Guinamand.

Sa peinture est d’une incendiaire clarté. Et moi qui ai déclaré envers un peintre mon admiration de sa lumière ! Que ne me suis-je tu ! N’avais-je point été frappé par celle de Guinamand ? Si, mais j’avais été happé concuremment par d’autres effets ; et ceci brouilla cela.

Cristine Guinamand, “Perturbations I”, huile sur toile, 270 x 528 cm, 2019, Courtesy de l’artiste

Encore un plus grand tableau ! C’est impressionnant un grand tableau ; non pas parce que c’est tel, mais parce qu’il faut occuper l’espace, et non pas le remplir. C’est toujours intéressant de tenter de voir comment un artiste établit une dynamique dans sa peinture. Ici, on distingue certains vocabulaires de Guinamand. Ce qui m’apparaît, à vrai dire, c’est ce que j’appellerais une dynamique du collage. J’ai demandé à notre artiste des gros plans, et elle m’en a envoyé trois

En voici un. Tout est non pas sans dessus dessous, mais, associé sans lien narratif, a priori, sauf celui de l’histoire du geste chez Guinamand, car nous reconnaissons des coups de brosses déjà présents en 2006, par exemple. Serait-ce à dire que Guinamand bâtit sur son propre fil historique ? Oui, je le crois. Ainsi on trouve aussi en 2019 des façons de tracer à vif déjà vu en 2002 ; ces traits projetés, comme des pointes lancées par le porc-épic, voyez ? Bien sûr que des façons de faire se sont ajoutées. Quant au dire, il semble complexe et intriqué, et il faudrait que je m’entretienne avec l’artiste. Mais, de toutes façons, il y a tellement de données et le tout sur une grande surface, que cet article ne sera qu’un aperçu.

Un dernier mot. On trouvera peut-être qu’il semble que les grands tableaux manquent de cohérence, mais, si mes hypothèses interprétatives sont justes, alors il est logique que l’impression de cohérence vienne à manquer : Guinamand n’abonde pas dans le romantisme ni ne cherche à plaire de la manière convenable que l’on connaît dans l’art pictural ‘mainstream’ : elle s’exprime, non seulement depuis ce qu’elle ressent mais aussi, pensé-je, depuis l’état du Monde Actuel, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne va pas bien du tout, et nous non plus, car, nous l’avons trop oublié : le sujet provient du monde (comme l’écrit si justement Whitehead), tandis que nous avions pris la posture qui nous faisait dire : le monde provient du sujet, erreur fatale. En ce sens, la peinture de Guinamand va décidément à l’encontre d’une peinture domestiquée par le bon goût et l’absence de prise de risque.

 

Léon Mychkine