
On se demande si Adolphe Monticelli a inventé le shimmy avant la télévision. Plaisanterie mise à part, c’est en cherchant dans mes favoris browseriens que je retombe sur Adolphe. Et je me dis « il y a quelque chose. » De quoi s’agit-il ? D’un certain côté, c’est très dépictif, de l’autre, mais, contiguement, il y a beaucoup de matière. Exemple :
Ne dirait-on pas… de la sauce ? Or il s’agit bien du “devant” de la robe. Mais où s’arrête la robe et où commence le sol ?
Vous devez remonter à l’image d’ensemble pour le savoir… Sacré Monticelli !
Quant au visage de la dame :
Ça peut faire penser à une photographie de Cindy Sherman (ici), entre autres évocations. Il faut voir de loin pour recouvrer la face (certes le rouge des lèvres, soit…). Sa voisine serait-elle davantage expressive ?
On dirait un visage de poupée, mais il y a quelque chose d’un peu inquiétant dans ses yeux énormes, dont sont toutes dotées les jeunes femmes. Et là encore, mais partout de toutes façons, Monticelli est généreux avec la matière, comme dans ses productions en général. Le paysage serait-il traité différemment ?
Nous sommes à la gauche de la robe jaune, et n’avons aucune idée de cet informe textureux. Mais c’est assez fascinant. Cependant, si nous ajoutons cette partie supérieure, on peut avoir une idée, comparé encore à ce qui se trouve au dessus :
Voyez, si on ajoute une troisième partie :
nous avons un tronc, du feuillage, et le ciel. Ou bien il n’y a pas de ciel, mais que du feuillu :
Ce doit être cela, les quatre personnages se tiennent devant un rideau d’arbres.
Bien ! Passons à une autre toile tout autant riche en trucs incroyables :

Une autre toile titrée idoinement “Subject Composition”, Composition de Sujet. Mais ne serait-on pas tenté de traduire par “Décomposition de Sujet” ? Jugez-en avec un détail :
C’est, en un mot, dingue.
Recentrons :
Quels mots, quelles phrases, sauraient saisir “cela” ? Pas les “miens”, pas les “miennes”. Mais on essaie. Mais je ne suis pas on, je suis « je ».
Dingue
Un arbre, des fruits (cerises ?), de l’eau. Probablement. Cueillir des cerises en chair fondue
Monticelli (nous) pousse dans les limites de la dépiction, et, en cela, et uchroniquement, il est plus intéressant que de Kooning. Oui madame ! Et je vais vous dire pourquoi. Dans la série des “Woman” des années 1950, de Kooning reste dans une position académique classique, il y a un sujet, une femme, et l’entourage, i.e., le décor… whatever. Les traits sont bien matérialisés et traités sur le régime de la démarcation ; on distingue, par la matière et la manière, ce qui ressort à la chair et ce qui est inanimé. C’est donc classique. De la même manière que Picasso l’est devenu (d’ailleurs, y eut-il un de Kooning sans un Picasso ?). À l’inverse, chez Monticelli, la peinture est organique, d’où cette fluidité, cette porosité de traitement, quel que soit le sujet. QED.