Quelques photos d’Hikari Ogura (+ quelques questions et réponses)

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Il faudra un jour faire un premier bilan de tous ces artistes “découverts” grâce aux (dits) Réseaux Sociaux (RS), social networks, et, ceci dit, la traduction du mot ‘network’ par « réseau » est défaillante, car, grâce à l’alliance des mots divergents, dont les langues germaniques ont gardé la pratique, on peut bien dissocier ici les mots ‘net’ et ‘work’, soient « filet » et « travail, œuvre ». Un ‘social network’ est donc un espace électronique qui fait jouer un filet au travail, à l’œuvre. Un filet de quoi ? Pour le coup, ici, nous dirons : de connaissance. Ainsi, encore une fois, grâce à l’un des filets de la Toile (Web), j’ai pris connaissance des photographies d’Hikari Ogura. En voici une :

Peu d’humains chez Ogura, beaucoup de paysages, de villes, de vues urbaines, de fleurs, entre autres. Ici, quelque chose qui, à mon sens, relève de la “patte” de l’artiste (il faut bien une main pour photographier). En tout cas, j’aime bien ici la perspective choisie, le bruissement visuel des arbres comme des broussailles, ou une longue toison allongée ; les poteaux noirs sur la gauche, et cette sensation de disparition à mesure qu’on avance visuellement dans le paysage. Et j’aime bien cette barre noire au bas de l’image, comme si le paysage venait se rajouter à la vision première (signalant quoi ? l’obstacle d’une vitre ? que l’on supposera de train). Et tout ce blanc… De la neige ? Je comprends, à l’instant, que j’aime bien me poser des questions face à une photographie. J’aime qu’une photographie me chuchote : “Que vois-tu ici ?”, “que parviens-tu à discerner ?”. Tsugi!

Hikari Ogura, “Vue de Sapporo”, 2021

Ogura vit à Sapporo, cinquième ville japonaise, capitale de la Préfecture d’Hokkaidō. Là aussi, j’aime bien cette disapparition (néologisme de mon cru), soit ce moment qui signale, en même temps, ce qui apparaît et se trouve grignoté par… l’image réelle, ou la pollution (real sive pollutio). Mais, à ce stade, quelle différence entre le réel et la pollution ? La pollution ne fait-elle pas partie du réel, incrustée dedans ? J’aime bien, ici,  la surdensité, des éléments comme des pièces de Lego, et cette imposante structure ferroviaire, sur lequel évolue à ce moment un train. J’aime bien — réitéré-je —, ce lent passage du noir au blanc, de bas en haut, comme si, et effectivement, plus les choses sont au ras du sol, et plus elles sont proche de l’infernal, qui ne peut être que sombre, ou endormi, pendant que veillent toujours, au dessus la ville, les esprits, dans leur blancheur incarnée. Ogura peut aussi produire des images interrogatives, ainsi :

Hikari Ogura,  2021

Voici un cas typique où l’on se demande, globalement : Qu’est-ce que c’est ? Aucune idée. Une manière de classer l’affaire, serait de dire : c’est une photographie abstraite, ce qui ne me satisfait pas, comme je l’ai déjà écrit ailleurs. Mais ça m’intrigue, et c’est déjà ça, comme on dit.

 

Q&A

 

Léon Mychkine: Alors, première question, si vous le voulez bien : Pourquoi shootez-vous souvent en Noir et Blanc ?

Hikari Ogura: Le noir et blanc réflecte mon cœur.

LM: Oh, c’est très poétique, mais, est-il possible d’expliquer cette métaphore ?

HO: Mes photos ont différents ‘feelings’, cela dépend du regardeur. Et quand je prends une image, je capture le visage du sujet et la voix silencieuse à travers la lentille.

LM: « Visage du sujet » [‘facial expression of the subject’]. Vous considérez qu’un paysage, un oiseau, par exemple, ont des visages ?

HO: L’expression faciale dont je parle n’est pas une face avec des yeux, un nez ou une bouche. Ce peut être une pierre, ou une voiture. Si on doit choisir entre “don” et “expression faciale”, c’est un don.

LM: D’accord, merveilleuse réponse. Puisqu’il est évident qu’il y a des différences culturelles entre les Européens et les Japonais, par exemple, j’aimerais savoir s’il est commun de penser une chose, un paysage, une pierre, en tant que visage, ou expression faciale ? 

HO: Je ne pense pas que tous les Japonais pensent la même chose. Je pense que toute chose recèle énergie et émotions. Cela vient aussi de l’enseignement des anciens dieux japonais. Le Japon est un pays archipélique, et à cause des nombreux désastres naturels, tels que les tremblements de terre et tsunamis, nous vivons près de la nature. Les japonais sont un peuple qui respecte la nature et qui estime les choses.

 
https://www.flickr.com/photos/hikari-8/with/50883487451/
https://www.instagram.com/p/CQ_LWsDnfCY/

Léon Mychkine

 


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